Le Devoir

Les douze castings de Panoramix

Le tandem Astier-Clichy anime à nouveau les aventures tapageuses des célèbres Gaulois

- ANDRÉ LAVOIE COLLABORAT­EUR

Peu importe sa forme — bande dessinée, film d’animation ou en prises de vue réelles —, le pouvoir attractif des péripéties d’Astérix et Obélix traverse les décennies sans jamais fléchir. Et si les ingrédient­s du succès de ses créateurs, René Goscinny et Albert Uderzo, sont bien connus (la fierté et l’ingéniosit­é françaises à leur paroxysme, une galerie impression­nante de personnage­s truculents, la récurrence de blagues efficaces, etc.), celui de humer l’air du temps pour l’arrimer à l’éternelle année 50 avant Jésus-Christ n’a pas échappé à ses successeur­s.

Avec Le domaine des dieux (2014), Alexandre Astier et Louis Clichy ont prouvé qu’il était encore possible de se passer de vedettes en chair et en os pour satisfaire les admirateur­s de ces irréductib­les Gaulois, même si certains de ces films, surtout celui d’Alain Chabat (le fameux Mission : Cléopâtre), ont attiré les foules. Revenir à l’animation, c’est s’ouvrir à un monde de possibles et à de jolies extravagan­ces, comme ils le font maintenant dans Astérix et le secret de la potion magique.

Nullement tirée d’un quelconque album méconnu, cette aventure originale n’en demeure pas moins très prévisible, de par la cohorte de figures connues, d’expression­s consacrées et de situations maintes fois revisitées, à commencer par les éternels carnages subis par les pauvres armées de Rome. Une fois encore, le célèbre village gaulois se voit fragilisé par une mauvaise chute du

Ce film ne représente pas un jalon important dans la galaxie Astérix et Obélix, mais s’inscrit dans une agréable continuité

druide Panoramix, blessé au pied (et dans son orgueil !), tout à coup soucieux de trouver un successeur capable de reproduire sa non moins célèbre boisson (très) énergisant­e.

Dans une quête dont la drôlerie n’est pas sans rappeler celle des 12 travaux d’Astérix, ce druide aux capacités motrices limitées, aidé dans ses transports par la version celtique de Laurel et Hardy, entame des auditions régionales auprès de jeunes aspirants sages. Le périple, semblables rituels de la téléréalit­é, s’accompagne d’une ombre menaçante, celle d’un vieux druide devenu paria, croisement entre Darth Vader et Voldemort, prénommé Sulfurix, voulant lui aussi mettre la main sur la fameuse potion. Et s’en servir de manière irresponsa­ble, digne des meilleurs politicien­s populistes.

Entre le besoin d’émerveille­ment du jeune public et le sentiment de réconfort à procurer aux adultes bien au fait de cet univers, Alexandre Astier et Louis Clichy exécutent un habile jeu d’équilibris­tes. L’humour y est parfois bon enfant, un brin potache, mais s’appuie aussi sur notre familiarit­é avec ces héros aux profils souvent monolithiq­ues — qui nous décevraien­t beaucoup s’ils agissaient différemme­nt. Que ferions-nous d’un Obélix ne se plaignant jamais d’être privé de potion ou d’un Astérix dépouillé de susceptibi­lité ?

Astérix et le secret de la potion magique ne représente pas un jalon important dans la galaxie Astérix et Obélix, mais il s’inscrit dans une agréable continuité, cédant bien sûr à des modes moins heureuses (celle des Transforme­rs version centurions romains ne passera pas à l’histoire), célébrant aussi les vertus cardinales de ce pittoresqu­e foyer de résistance. Peu importe l’ampleur du danger et la félonie de l’envahisseu­r, les rejetons de Goscinny et Uderzo chérissent précieusem­ent une autre arme secrète, celle de la solidarité inébranlab­le.

Astérix et le secret de la potion magique

★★★

Film d’animation d’Alexandre Astier et Louis Clichy. France, 2018, 85 minutes.

 ?? LES FILMS SÉVILLE ?? Nullement tirée d’un album méconnu d’Astérix, cette aventure originale n’en demeure pas moins très prévisible, de par la cohorte de figures connues, d’expression­s consacrées et de situations maintes fois revisitées par le tandem gaulois.
LES FILMS SÉVILLE Nullement tirée d’un album méconnu d’Astérix, cette aventure originale n’en demeure pas moins très prévisible, de par la cohorte de figures connues, d’expression­s consacrées et de situations maintes fois revisitées par le tandem gaulois.

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