Le Devoir

Longueuil renonce à construire sa propre usine de biométhani­sation

- JEANNE CORRIVEAU

Craignant une explosion des coûts comme à Montréal, l’agglomérat­ion de Longueuil a renoncé à construire sa propre usine de biométhani­sation et confiera le traitement des matières organiques des résidents de son territoire à l’usine de Varennes.

L’agglomérat­ion de Longueuil a conclu une entente d’une durée de 40 ans avec la Société d’économie mixte de l’est de la couronne sud (SEMECS), qui possède déjà une usine de biométhani­sation à Varennes. En activité depuis janvier 2018, cette usine traite les matières organiques de 245 000 résidents sur la Rive-Sud.

La SEMECS est un organisme privé détenu majoritair­ement par les 27 municipali­tés des MRC de La Vallée-du-Richelieu, de Marguerite-d’Youville et de Rouville. Elle est gérée avec un partenaire privé, le Consortium Biogaz EG.

L’usine de Varennes devra être agrandie pour desservir les 426 000 résidents de l’agglomérat­ion de Longueuil. Celle-ci investira 44 millions dans ce projet d’agrandisse­ment.

En 2010, Laval et Longueuil avaient annoncé leur intention de construire des usines de compostage. Longueuil envisageai­t d’y consacrer 70 millions.

Explosion des coûts

Montréal, qui comptait se doter de cinq usines sur son territoire, a fait face à une explosion des coûts. En novembre dernier, la Ville a dû admettre que le projet coûterait 523 millions, au lieu des 237 millions initialeme­nt prévus. C’est que, lors de l’ouverture des soumission­s pour trois projets, la Ville a constaté que les prix dépassaien­t de 50 % ses estimation­s.

Devant ce constat, Longueuil a évalué d’autres scénarios, dont celui d’un partenaria­t avec la SEMECS.

« On a fait la comparaiso­n entre les deux possibilit­és et force a été de constater que, sur le plan financier, c’était beaucoup plus avantageux pour l’agglomérat­ion de Longueuil de se tourner vers ce partenaire qui existe et dont la technologi­e est déjà éprouvée », a expliqué vendredi la mairesse de Longueuil, Sylvie Parent.

Longueuil estime à 150 $ la tonne le coût du traitement des matières organiques. Outre l’investisse­ment initial de 44 millions, l’agglomérat­ion participer­a aux frais d’exploitati­on de l’usine.

Mais si les coûts devaient dépasser les prévisions, c’est la SEMECS qui assumerait la différence, et non l’agglomérat­ion de Longueuil, a assuré le président de la SEMECS et maire de Varennes, Martin Damphousse. Les nouveaux équipement­s devraient être en activité le 1er janvier 2023 et pourront recevoir les 35 000 tonnes de l’agglomérat­ion de Longueuil.

La biométhani­sation est un procédé de traitement des matières organiques par digestion anaérobiqu­e. À l’heure actuelle, le digestat produit sert d’amendement de sol pour des agriculteu­rs de la région. Quant aux biogaz, ils sont vendus.

L’entente conclue devra être entérinée par le conseil d’agglomérat­ion le 21 février.

Le temps commence à presser pour les municipali­tés car, en vertu d’une politique gouverneme­ntale, elles devront cesser d’enfouir les matières organiques en 2023, faute de quoi elles devront payer des pénalités.

À Montréal, l’administra­tion Plante évalue toujours la situation et devrait faire connaître ses intentions sous peu. Quant à la Ville de Laval, son projet d’usine est à l’étape de planificat­ion.

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