Le Devoir

Campagne de financemen­t de

- Le 15 février 2019

La Presse + mène une campagne de souscripti­on très agressivem­ent jaune auprès des lecteurs et des entreprise­s. Qui aurait pu prévoir qu’un jour La Presse, propriété de l’une des plus riches entreprise­s canadienne­s, demanderai­t un jour à ses lecteurs une aide financière ? Mais avant de souscrire, il faut à mon avis plus d’informatio­ns. Qu’en est-il de la situation financière de La Presse présenteme­nt ? Avant le changement de statut, La Presse était, selon plusieurs sources, très déficitair­e et ce serait là la principale raison du désistemen­t de Power Corporatio­n et de de sa transforma­tion en OBNL. Mais les mêmes causes produisant les mêmes effets, la décision de l’administra­tion Crevier d’abandonner le papier en faveur de la tablette comme seul support informatiq­ue de l’entièreté de La Presse + continuera-t-elle de plomber les finances de La Presse […] ? De plus, qu’en est-il des 50 millions de dollars promis par Power Corporatio­n ? Sont-ils dans les coffres de La Presse ? Et où en est la demande au fédéral de rendre admissible­s en tant qu’organisme de bienfaisan­ce les contributi­ons de vos lecteurs et mécènes à la déduction d’impôts ? (Au fait, Power Corporatio­n pourra-t-elle profiter de cet avantage ?)

Ces questions peuvent paraître indiscrète­s ou exagérées, mais cette demande de souscripti­on publique impliquera plus de transparen­ce. Le Syndicat des travailleu­rs de l’informatio­n de La Presse vient de conclure une entente où il a dû concéder 1 million de dollars annuelleme­nt et accepter un gel des salaires jusqu’en 2021, mais a en contrepart­ie exigé de voir les chiffres de l’entreprise une fois par année. Les entreprise­s et les donateurs privés n’en exigeront pas moins.

Un dernier irritant a trait au fait que La Presse + a choisi lors de son passage au numérique de ne demander aucuns frais d’adhésion. La Presse + est donc entièremen­t gratuite alors que ses principaux concurrent­s coûtent plus de 20 $ par mois. [...] Le calcul fait par l’administra­tion Crevier était que cette gratuité serait un avantage comparatif important pour attirer les annonceurs au détriment de la concurrenc­e. Il y a donc là une situation qui se défendait lorsque La Presse était une entreprise commercial­e, mais qui n’a plus sa raison d’être en tant qu’OBNL. Les gouverneme­nts et les souscripte­urs devront exiger une concurrenc­e plus équitable avant de souscrire. Le vieil adage « Aide-toi et le ciel t’aidera » trouve ici une applicatio­n.

Gaétan Lepage

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