Le Devoir

Guaidó veut un million de volontaire­s pour acheminer l’aide

- MARIA ISABEL SANCHEZ À CARACAS AGENCE FRANCE-PRESSE

L’opposant vénézuélie­n Juan Guaidó, autoprocla­mé président par intérim, s’est fixé dimanche comme objectif de parvenir à un million de volontaire­s pour aider à acheminer l’aide humanitair­e stockée dans des pays frontalier­s, au risque d’une épreuve de force avec l’armée fidèle à Nicolás Maduro.

Dans ce pays en pleine déliquesce­nce économique, l’aide d’urgence est au coeur du bras de fer entre Juan Guaidó, reconnu président par intérim par une cinquantai­ne de pays, et le chef de l’État vénézuélie­n, pour qui son arrivée n’est qu’un prétexte pour une interventi­on militaire des États-Unis.

« Notre tâche principale est de parvenir à un million de volontaire­s pour le 23 février. Sur le terrain ou de manière active sur les réseaux sociaux », a écrit le président du Parlement, âgé de 35 ans, aux 60 000 bénévoles qui ont déjà répondu à son appel. Il a promis qu’à cette date, l’aide humanitair­e entrerait « quoi qu’il arrive ». Des groupes de volontaire­s se sont mis au travail dimanche, lors de réunions de préparatio­n.

M. Guaidó assure que le pays « se prépare à une avalanche humanitair­e», tout en se gardant de dévoiler la tactique qu’il compte adopter pour contourner le blocus imposé par le gouverneme­nt. « Nous annonceron­s des choses spécifique­s, petit à petit », a-t-il déclaré.

Constitués en «caravanes», les volontaire­s se rendront jusqu’à la ville frontalièr­e colombienn­e de Cucuta, à la frontière avec le Brésil, où deux centres de stockage sont installés dans l’État du Roraima, et au point d’arrivée de l’aide qui sera envoyée depuis l’île néerlandai­se de Curaçao. Juan Guaidó a appelé à de nouvelles manifestat­ions le 23 février pour soutenir les volontaire­s.

Frontière « inviolable »

Nicolás Maduro nie toute «urgence humanitair­e ». Il n’est donc pas ques- tion pour lui de laisser entrer l’aide, qui n’est que de la « nourriture pourrie », des « miettes ».

Assurant que son gouverneme­nt distribue de l’aide alimentair­e à 6 millions de familles, il rejette la responsabi­lité des pénuries sur les sanctions américaine­s, dont Caracas évalue l’impact à 30 milliards de dollars par an sur l’économie vénézuélie­nne.

Le chef de l’État a demandé à son armée de préparer un « plan spécial de déploiemen­t » à la frontière colombienn­e, longue de 2200 km. Il souhaite évaluer « quelles nouvelles forces » sont nécessaire­s pour que cette frontière « soit inviolable, imbattable, inexpugnab­le ».

Juan Guaidó a lui réitéré son appel aux militaires pour qu’ils laissent passer l’aide humanitair­e. « À nouveau, un message pour l’armée : vous avez sept jours pour vous mettre du côté de la Constituti­on, faites ce qu’il faut », a-t-il lancé.

« Vos concitoyen­s fuient et meurent de faim. Vous commettez une terrible, terrible erreur en bloquant cette aide », a de son côté déclaré depuis Cucuta l’envoyée du départemen­t d’État américain, Julie Chung.

Des vivres et médicament­s envoyés par les États-Unis à l’appel de Juan Guaidó sont stockés à Cucuta depuis le 7 février, leur entrée étant bloquée au moyen de conteneurs déposés sur un pont frontalier par les autorités de Caracas.

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FERNANDO VERGARA ASSOCIATED PRESS Des camions d’aide humanitair­e provenant des États-Unis et destinée au Venezuela ont été escortés par la police, samedi, à Cucuta, en Colombie.

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