Le Devoir

Facebook, un « gangster numérique » à contrôler, écrit une commission d’élus britanniqu­es

- MARTINE PAUWELS À LONDRES AGENCE FRANCE-PRESSE

Les réseaux sociaux, en particulie­r Facebook, doivent être davantage régulés afin de les empêcher d’agir comme des «gangsters numériques» et de publier des infox (fake news), ont conclu des parlementa­ires britanniqu­es dans un rapport très critique publié lundi.

« Les entreprise­s comme Facebook ne devraient pas être autorisées à se comporter comme des “gangsters numériques” dans le monde en ligne, en se considéran­t au-dessus des lois», souligne la Commission sur le numérique, la culture, les médias et le sport de la Chambre des communes dans un rapport.

Durant plus d’un an, cette commission a enquêté sur le phénomène des fausses nouvelles et son impact sur les récents scrutins au Royaume-Uni, dont le référendum sur le Brexit en juin 2016, s’attardant principale­ment sur les pratiques de Facebook.

Le géant américain est empêtré dans plusieurs affaires, comme les accusation­s d’ingérence russe sur sa plateforme dans l’élection présidenti­elle américaine de 2016, mais aussi le scandale de l’exploitati­on par la firme Cambridge Analytica de données d’utilisateu­rs à leur insu à des fins politiques, de même qu’une faille de sécurité ayant conduit au piratage de millions de comptes.

Pour lutter contre les «contenus préjudicia­bles » ou « illégaux » et protéger les données personnell­es des utilisateu­rs, le rapport d’une centaine de pages recommande l’instaurati­on d’un «code de déontologi­e contraigna­nt », dont le respect serait assuré par un régulateur indépendan­t, habilité à déclencher des poursuites judiciaire­s et à infliger de lourdes amendes.

Le président de la commission, Damian Collins, a dit à l’AFP espérer que « d’ici la fin de l’année, il y ait une solide propositio­n de législatio­n » établissan­t le fonctionne­ment de ce régulateur. « Ces entreprise­s ne sont pas juste des plateforme­s », « ne sont pas neutres » et ont une « responsabi­lité limitée pour le contenu posté » a souligné M. Collins.

Se disant « ouvert à une réglementa­tion significat­ive », Facebook a assuré ne pas avoir attendu la publicatio­n du rapport pour agir. « Nous avons déjà opéré des changement­s substantie­ls pour que toute annonce politique sur Facebook soit autorisée, mentionne son financemen­t et soit ensuite classée dans des archives consultabl­es durant sept ans », a détaillé Karim Palant, responsabl­e de la politique publique de Facebook au Royaume-Uni, dans un communiqué transmis à l’AFP.

Il a affirmé que l’entreprise avait « triplé la taille de l’équipe oeuvrant à détecter et protéger les utilisateu­rs de mauvais contenus [en la portant] à 30 000 personnes et investi massivemen­t dans l’apprentiss­age automatiqu­e, l’intelligen­ce artificiel­le et la technologi­e de vision par ordinateur pour aider à empêcher ce type d’abus ».

Le ministre de la Culture, Jeremy Wright, s’entretiend­ra cette semaine aux États-Unis avec des représenta­nts des géants Google, Facebook, Twitter et Apple, a indiqué un porte-parole du gouverneme­nt.

L’exécutif devrait aussi publier un « livre blanc » dans le courant de cette année, énonçant des propositio­ns pour sécuriser davantage les réseaux sociaux.

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 ?? GABRIEL SAINHAS / UK PARLIAMENT / AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Le grand patron de Facebook, Mark Zuckerberg, avait refusé de se présenter en commission parlementa­ire l’an dernier. Les députés britanniqu­es lui avaient cependant réservé une place aux auditions.
GABRIEL SAINHAS / UK PARLIAMENT / AGENCE FRANCE-PRESSE Le grand patron de Facebook, Mark Zuckerberg, avait refusé de se présenter en commission parlementa­ire l’an dernier. Les députés britanniqu­es lui avaient cependant réservé une place aux auditions.

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