Commerce : l’UE ripostera si Washington surtaxe ses voitures
Bruxelles a promis lundi de riposter de manière «rapide et adéquate» si les États-Unis surtaxent les automobiles européennes, mais espère toujours éviter une escalade commerciale avec Washington, car elle s’avérerait désastreuse.
Le ministère américain du Commerce a annoncé dimanche soir avoir officiellement remis à la Maison-Blanche un rapport sur l’industrie automobile qui pourrait conduire Donald Trump à surtaxer les voitures importées, comme il menace de le faire depuis des mois.
Des sources concordantes ont assuré à l’AFP que les conclusions de cette enquête étaient « positives » sur la question de savoir si les voitures importées constituent une menace pour la sécurité nationale des États-Unis, un raisonnement jugé « effrayant » dès samedi par la chancelière allemande, Angela Merkel.
Réaction rapide et adéquate
Le président américain, actuellement concentré sur les négociations avec la Chine, dispose désormais de 90 jours pour imposer ou non des taxes sur les automobiles et leurs équipements, un épouvantail pour cette industrie en Europe, en particulier en Allemagne.
«La Commission européenne est au courant de la conclusion d’une enquête menée par le ministère américain du Commerce », a déclaré lundi le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas. « Si ce rapport se traduisait par des mesures préjudiciables aux exportations européennes, la Commission européenne réagirait de manière rapide et adéquate », a-t-il promis, au cours d’un point de presse à Bruxelles.
M. Schinas n’a pas livré le détail de cette riposte, mais les Européens avaient répondu l’an passé à des droits de douane similaires sur leur acier et leur aluminium par une plainte devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC), par des mesures dites «de sauvegarde» pour protéger leur industrie, ainsi que par des taxes punitives sur des produits américains emblématiques.
Suivant ce même schéma, Bruxelles a préparé, dans le cas des voitures, une liste de biens américains, à hauteur de 20 milliards d’euros, susceptibles d’être taxés si les États-Unis déclenchaient les hostilités.
Outre-Atlantique, le lobby américain des équipementiers automobiles, la Motor and Equipment Manufacturers Association, a estimé que d’éventuels droits de douane décidés par Donald Trump «mettraient en péril» leur «sécurité économique», leur «leadership technologique » et entraînerait des licenciements.
Malgré la menace, la Commission continue d’espérer une issue « positive » dans les échanges avec les ÉtatsUnis après la trêve conclue en juillet dernier entre son président, JeanClaude Juncker, et Donald Trump.
Les deux dirigeants s’étaient engagés à travailler en faveur d’un accord de libre-échange exclusivement sur les biens industriels. Les ministres européens du Commerce se retrouveront vendredi à Bucarest pour décider d’accorder ou non à la Commission le droit d’ouvrir des négociations.
L’ouverture de négociations avec les États-Unis ne semble pas faire l’unanimité au Parlement européen, qui ne dispose cependant que d’un rôle consultatif.
Le président américain dispose de 90 jours pour imposer ou non des taxes sur les automobiles et leurs équipements, un épouvantail pour cette industrie en Europe, particulièrement en Allemagne