Du personnel infirmier en renfort
Fermé depuis le 21 février faute de personnel infirmier, le service d’obstétrique de l’hôpital peut à nouveau accueillir les femmes enceintes
Le département d’obstétrique de l’hôpital de La Sarre, en Abitibi-Ouest, a finalement rouvert ses portes dimanche après avoir été fermé pendant presque deux mois faute de personnel infirmier. La suite s’annonce toutefois incertaine alors que le recrutement pour maintenir le service en fonction se poursuit.
Depuis la rupture de service le 21 février, au moins 25 femmes ont dû se déplacer jusqu’à Rouyn-Noranda ou Amos — toutes deux à environ une heure de route de La Sarre — pour accoucher. Début mars, une femme a même donné naissance sur une civière à l’urgence de l’hôpital de La Sarre sans obstétricien ni gynécologue.
« C’est un gros soulagement, je me sens plus en sécurité, je dors mieux la nuit. S’il arrive quelque chose, je suis à 10 minutes de l’hôpital maintenant. Je n’ai pas besoin de stresser à l’idée de faire une heure de route jusqu’à Rouyn et trouver quelqu’un qui a une demi-journée à perdre pour m’emmener », confie Gabrielle Laplante, qui entame sa 35e semaine de grossesse et devrait accoucher dans les prochains jours.
Le Devoir l’a rencontrée dimanche dans sa maison de Sainte-Hélène-deMancebourg, un village voisin, pendant qu’elle terminait sa valise pour être prête le jour où son fils viendra au monde. « J’ai de la chance, je pourrais le faire à La Sarre. Je n’ai pas à attendre comme d’autres […] et craindre que le service ferme à nouveau », laisse tomber la jeune femme d’un ton amer.
De son côté, le comité de citoyens se réjouit aussi de la nouvelle, mais estime que son mandat, soit de s’assurer de la réouverture du département d’obstétrique, n’est pas terminé pour autant. « Tant et aussi longtemps qu’on ne sera pas totalement convaincus que la pérennité sera assurée, nous, on va rester mobilisés, demander des rencontres avec le CISSS-AT [Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Abitibi-Témiscamingue] et informer la population », assure la présidente du comité, Évelyne Bruneau.
On va faire l’exercice période par période, selon la capacité ici à libérer des infirmières. Mais c'est certain qu’elles ne vont pas toutes » partir en même temps, c'est impossible.
CHRISTIANNE GRONDIN
Des renforts
Après près de deux mois de rupture de services — et sous la directive du ministère de la Santé —, le CISSS-AT a finalement mis les bouchés doubles pour que les futures mères d’AbitibiOuest puissent de nouveau accoucher à La Sarre.
Quatre nouveaux postes ont été créés pour assurer la présence à l’avenir de « deux infirmières avec des compétences en obstétrique pour chaque quart de travail [jour, soir et nuit]», ce qui n’était pas le cas auparavant. L’une d’entre elles est présentement en formation à Montréal, au Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine. D’ici à ce qu’elles entrent en poste, l’hôpital pourra compter sur le retour temporaire de trois infirmières parties récemment à la retraite ou ayant quitté le département, ainsi que sur l’arrivée de sept autres infirmières provenant de diverses agences.
Les premiers renforts sont d’ailleurs arrivés la veille de la réouverture du département. Le Devoir a rencontré l’une de ces infirmières dimanche, alors qu’elle visitait l’hôpital avant de commencer son nouveau travail lundi. « J’espère vraiment pouvoir faire une différence en arrivant ici, pouvoir alléger les infirmières [déjà en poste] », indique Isabelle Doucet.
Cette infirmière envoyée par l’agence de placement Expertise 24/7 a obtenu un contrat de quatre mois à l’hôpital de La Sarre, où elle sera appelée à travailler en obstétrique et en médecine-chirurgie, deux départements fusionnés dans l’établissement. Son conjoint l’accompagne et travaillera, lui, aux urgences et en psychiatrie.
Dix autres infirmières de l’extérieur de la région devaient aussi s’ajouter à l’équipe, selon l’annonce de la ministre de la Santé, Danielle McCann, qui avait fait un appel à tous début avril. Mais seulement huit ont pour l’instant été confirmées: quatre du CHU SainteJustine, deux de la clinique Prénato à Québec et deux du CIUSSS de l’Ouestde-l’Île-de-Montréal.
Une planification incertaine ?
La durée des séjours et leur fréquence varieront d’une infirmière à l’autre, selon les informations du CISSS-AT. Certaines infirmières ont déjà signé un contrat jusqu’au 1er septembre, d’autres viendront « couvrir une série de quarts de travail consécutifs » à différentes reprises.
C’est le cas de quatre infirmières qui feront chacune leur tour le trajet de l’hôpital Sainte-Justine à Montréal jusqu’à La Sarre, pour travailler durant des périodes de quatre à dix jours en mai.
La ministre McCann avait pourtant indiqué initialement que six infirmières du CHU Sainte-Justine se rendraient en Abitibi-Témiscamingue. « Certaines déclarations sont peut-être sorties trop tôt [car] il n’a jamais été question d’envoyer six infirmières de Sainte-Justine d’un coup dès la première semaine », précise en entrevue avec Le Devoir la chef de l’unité des naissances de SainteJustine, Christianne Grondin.
Elle explique qu’au moment de l’annonce de la ministre, les conditions devaient être encore discutées, notamment en ce qui a trait au nombre d’heures travaillées ou encore au logement et au voyagement, des frais qui seront à la charge du ministère de la Santé.
« On va faire l’exercice période par période, selon la capacité ici à libérer des infirmières. Mais c’est certain qu’elles ne vont pas toutes partir en même temps, c’est impossible. Je ne peux pas dégarnir la salle d’accouchement de Sainte-Justine pour aider La Sarre », poursuit-elle.
Rappelons que l’hôpital SainteJustine est aussi aux prises avec un manque de personnel infirmier. Deux de ses neuf salles d’opération ont d’ailleurs dû récemment fermer faute de personnel. Mme Grondin précise néanmoins que treize infirmières de son service se sont portées volontaires et auront certainement « toutes à faire un tour en Abitibi-Témiscamingue d’ici la fin du mois d’août ».