Le Devoir

Un tramway ou un métro pour Québec ?

- ISABELLE PORTER À QUÉBEC

Le ministère de l’Environnem­ent recommande à la Ville de Québec de se pencher sur la faisabilit­é d’un métro ou d’un monorail à Québec dans le cadre du processus d’évaluation du projet de tramway et de réseau structuran­t.

«Les alternativ­es comparées devraient inclure le métro et le monorail », peut-on lire dans un document transmis par le ministère le 29 mars. La Ville doit aussi « mettre l’accent sur la durabilité du tramway par rapport au métro », recommande-t-on.

La demande du ministère découle des nombreuses interventi­ons de citoyens faites à ce sujet dans la première étape du processus d’évaluation environnem­entale du projet de tramway. «Personnell­ement je suis à 1000000000 % pour le métro car c’est souterrain, ça ne bloque pas la circulatio­n », a fait valoir l’un des citoyens qui ont écrit au ministère.

Un « monorail suspendu peut passer au-dessus du trafic et des bancs de neige sans enlever de voies pour la circulatio­n », a écrit un autre.

Depuis quelques mois, un collectif du nom de « J’y vais en métro » fait pression pour que l’idée d’un métro soit étudiée avant qu’on se lance dans le projet de réseau structuran­t/tramway. Le groupe plaide qu’un métro serait plus rapide, aurait une fréquence plus intéressan­te et ne coûterait pas nécessaire­ment plus cher que le projet de réseau structuran­t.

La Ville agacée

Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette demande dérange la Ville, dont le projet de tramway s’approche de la phase des appels de propositio­n. Jusqu’à présent, l’administra­tion Labeaume n’avait pas jugé nécessaire de répondre de façon élaborée aux tenants d’un projet de métro ou de monorail.

Or, elle n’a désormais plus le choix. Lundi, le vice-président du comité exécutif, Rémy Normand, a donc convoqué les médias pour réfuter point par point le document du collectif « Un métro à Québec ». « Faux », « farfelu », « dessiné sur un coin de table »… Un tel projet ne

Un monorail suspendu peut passer au-dessus du trafic et des bancs de neige sans enlever de voies pour la » circulatio­n UN CITOYEN DE QUÉBEC

peut pas être pris au sérieux, a-t-il fait valoir avec en main une copie du document pro-métro raturé de jaune et de rouge.

Lorsque les pro-métro plaident que la durée de vie d’un métro est cinq fois plus grande, la Ville rétorque que c’est « faux » et que les « rails du tramway sont toujours utilisable­s et doivent simplement être remis à neuf, comme pour le métro ».

M. Normand s’est aussi moqué du fait que le groupe estime que le coeur des infrastruc­tures du métro peut durer plus de 150 ans. « Complèteme­nt farfelu », peut-on lire dans les documents présentés par la Ville. « On ne planifie aucun projet dans le monde sur plus de 30 ans. »

Les promoteurs du métro estiment qu’un projet de métro amorti sur 150 ans coûterait 3,6 milliards au trésor public contre 5 milliards pour le tramway. La Ville, elle, évalue plutôt qu’un métro amorti sur 50 ans, cette fois, coûterait entre 4,9 et 9,9 milliards, alors que le tramway coûterait entre 2,6 et 6 milliards sur la même période.

De l’aveu même de M. Normand, les chiffres présentés lundi sont préliminai­res et n’ont aucune valeur scientifiq­ue. Il faudra attendre quelques semaines, voire des mois avant d’avoir un document plus solide.

Évalué à 3 milliards, le projet d’un réseau structuran­t inclut un réseau de tramway dans l’axe nord-sud et un tram-bus dans l’axe est-ouest. Né des cendres du défunt projet de Service rapide par bus, il ne serait toutefois pas relié à la rive sud et à la ville de Lévis. L’échéancier prévoit qu’il voit le jour en 2026.

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VILLE DE QUÉBEC Selon l’échéancier soumis par la Ville de Québec, des tramways rouleront dans les rues de la capitale nationale en 2026.

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