Le Devoir

Le rapport Mueller sera publié jeudi

Dans une série de tweets, le président Donald Trump a de nouveau discrédité le document et ses auteurs

- FABIEN DEGLISE

Le rapport Mueller, qui a été écrit par 18 démocrates en colère qui détestent Trump (et appuient Clinton), aurait dû se concentrer sur les personnes qui ont ESPIONNÉ ma campagne en 2016 et les autres qui ont fabriqué tout ce canular russe. »

Ne l’oublions pas, c’est ça le véritable crime.

UN TWEET DE DONALD TRUMP

Pas encore rendu public et déjà décrédibil­isé par Donald Trump. Le président américain a une fois de plus utilisé son compte Twitter lundi pour tirer à boulets rouges sur l’équipe d’enquête du procureur Robert Mueller, dont le rapport sur l’ingérence russe dans la dernière campagne électorale américaine sera finalement diffusé jeudi prochain, a indiqué le départemen­t de la Justice lundi matin.

« Le rapport Mueller, qui a été écrit par 18 démocrates en colère qui détestent Trump (et appuient Clinton), aurait dû se concentrer sur les personnes qui ont ESPIONNÉ ma campagne en 2016 et les autres qui ont fabriqué tout ce canular russe, a écrit M. Trump. Ne l’oublions pas, c’est ça le véritable crime. » Et d’ajouter : « Puisqu’il n’y a pas eu de collusion, pourquoi alors avoir déclenché cette enquête à la base ! Réponse : policiers corrompus, démocrates et Hillary la croche (crooked Hillary). »

Plus tôt dans la journée, il avait appelé à «enquêter sur les enquêteurs» en réaction à l’annonce du dévoilemen­t du rapport, ce jeudi dans une version expurgée, afin de protéger des sources, des méthodes d’enquête, mais également la vie privée de certaines personnes rencontrée­s dans le cadre de cette vaste investigat­ion sur les interféren­ces de la Russie dans la campagne électorale de 2016. La semaine dernière, M. Trump a indiqué ne pas l’avoir lu.

Il y a trois semaines, le secrétaire à la Justice, William Barr, a rendu publique une note de synthèse résumant sur quatre pages les conclusion­s de l’enquête Mueller. Ce résumé a souligné le fait que l’enquête spéciale n’avait pas réussi à établir qu’une forme d’entente avait été négociée entre la Russie et le sulfureux candidat républicai­n pour faire capoter la campagne de Hillary Clinton. Par ailleurs, Robert Mueller n’aurait pas réussi à démontrer que M. Trump aurait tenté de faire obstructio­n à la justice. «Si ce rapport ne conclut pas que le président a commis un crime, il ne l’exonère pas non plus », a-t-il toutefois écrit. Cette phrase a d’ailleurs été reprise dans le résumé de William Barr.

La publicatio­n de cette note, écrite par un proche du président, a été accueillie avec satisfacti­on par M. Trump qui, depuis, ne cesse de l’évoquer pour clamer son innocence et se poser en victime d’une « chasse aux sorcières ». Les démocrates insistent toutefois depuis plusieurs semaines pour consulter l’ensemble de ces 400 pages, dont à peine 74 mots ont été repris dans la synthèse du secrétaire à la Justice.

La semaine dernière, lors d’une conférence publique tenue à San Francisco, l’ex-directeur du FBI, James Comey, dont le limogeage en 2017 par Donald Trump avait donné en partie le coup d’envoi à l’enquête spéciale de Robert Mueller, a dit accepter le résumé de M. Barr, qui exonère le président sur la question de la collusion avec la Russie, mais a vivement condamné M. Trump pour son indolence face aux cas d’ingérence dévoilée. Rappelons que 12 espions russes ont été accusés en juillet dernier de conspirati­on pour avoir interféré dans le processus électoral américain par piratage, vol et divulgatio­n de documents volés.

Des accusation­s ont été portées également contre un proche de Vladimir Poutine et des citoyens russes ayant participé à la diffusion de fausses nouvelles en 2016.

« Le pouvoir exécutif est dirigé par un commandant en chef et une réplique à une attaque contre les États-Unis, comme ce fut le cas en 2016, exige fondamenta­lement que le commandant en chef la comprenne, la reconnaiss­e pour ordonner ensuite au gouverneme­nt, qu’il dirige, de l’arrêter ou d’exercer des représaill­es, a-t-il indiqué. Notre problème fondamenta­l ici, c’est que je ne vois pas que notre commandant en chef ait reconnu que cela se soit réellement produit. »

Par ailleurs, M. Comey a refusé de commenter les allégation­s de M. Barr faites la semaine dernière sur l’espionnage par le gouverneme­nt américain de la campagne de M. Trump en 2016. « Je ne sais pas quoi il parle et, de ce fait, je ne peux pas commenter », a-t-il dit lors de cette même conférence.

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TASOS KATOPODIS GETTY IMAGES/ AGENCE FRANCE-PRESSE Le conseiller spécial Robert Mueller

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