Le Devoir

L’opposition veut protéger les aînés contre la hausse de l’impôt foncier

- JEANNE CORRIVEAU

Selon la propositio­n, les personnes âgées pourraient remettre à plus tard le paiement des hausses de l’impôt foncier, c’est-à-dire au moment de se départir de leur propriété

La Ville de Montréal déposera mercredi matin son nouveau rôle d’évaluation foncière. Comme les hausses de valeurs pourraient être importante­s dans certains secteurs — et entraîner des augmentati­ons substantie­lles de taxes pour de nombreux propriétai­res —, l’opposition à l’Hôtel de Ville demande la création d’un programme qui offrirait un répit aux aînés.

Révisé tous les trois ans, le rôle foncier sert de base pour le calcul des taxes scolaire et municipale. Le nouveau rôle foncier présenté mercredi entrera en vigueur le 1er janvier prochain et s’appliquera aux propriétés de l’ensemble de l’île pour les trois prochaines années.

« Le marché [immobilier] est en forte croissance depuis plusieurs années. On peut donc s’attendre à ce que l’évaluation du registre foncier augmente de façon importante », a prévenu mardi le chef de l’opposition à l’Hôtel de Ville, Lionel Perez.

Pour de nombreuses personnes âgées, les hausses de taxes qui découlent du nouveau rôle foncier pourraient être difficiles à absorber et pourraient les inciter à vendre leur propriété, a signalé M. Perez. «Il y a beaucoup de personnes âgées qui sont à revenus fixes après leur retraite. Plusieurs de ces aînés, bien qu’ils soient propriétai­res et que leur maison ait une certaine valeur, sont pauvres en liquidités et en revenus », a-t-il dit.

S’inspirant d’une revendicat­ion du groupe citoyen baptisé Montréal pour tous, Lionel Perez propose que la Ville demande à Québec l’autorisati­on de créer un programme qui permettrai­t aux aînés de repousser le paiement des hausses de taxes foncières au moment de la vente de leur résidence.

Ce type de programme se fait à coûts nuls pour la municipali­té et existe dans plusieurs provinces canadienne­s comme l’Ontario, la Colombie-Britanniqu­e, l’Alberta et le Nouveau-Brunswick, a signalé Lionel Perez.

Québec offre déjà une subvention pour les aînés en lien avec les hausses de taxes municipale­s, mais les critères font en sorte que trop peu de propriétai­res peuvent en bénéficier, a expliqué le maire de Saint-Laurent, Alan DeSousa. Pour être admissible­s, ces propriétai­res doivent avoir des revenus inférieurs à 51 700 $, doivent habiter leur demeure depuis 15 ans et plus et la hausse de taxes qui leur est imposée doit être supérieure de 7,5 % à l’augmentati­on moyenne de la municipali­té.

L’opposition croit que la formule qu’elle propose aiderait davantage de personnes. Des critères comme un seuil maximal de revenus pourraient être établis. « Il faut penser à nos aînés, trouver une façon qui est digne tout en permettant à la Ville de recevoir les montants qui lui sont dus », fait valoir Lionel Perez. L’opposition estime à 100 000 le nombre de personnes qui pourraient avoir besoin d’aide.

Le cabinet de la mairesse Valérie Plante n’a pas voulu se prononcer sur la propositio­n de l’opposition qui sera débattue lors de l’assemblée du conseil municipal lundi prochain.

Depuis le début des années 2000, la valeur des propriétés a bondi sur l’île de Montréal avec des hausses variant de 20 à 38 % pour les immeubles résidentie­ls. En 2016, lors du dépôt du rôle foncier précédent, la hausse moyenne de la valeur des immeubles résidentie­ls sur l’île s’était toutefois limitée à 5,8 %, ce qui représenta­it la plus faible augmentati­on enregistré­e en 15 ans.

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