Des familles d’accueil ignorées par la DPJ
« C’est en lui faisant prendre son bain pour la première fois que je vais peutêtre apprendre qu’il a été abusé : je vais manger une claque. » La présidente de la Fédération des familles d’accueil et des ressources intermédiaires du Québec, Geneviève Rioux, déplore un manque de communication entre les services pour la jeunesse et les familles d’accueil. L’idée rigoriste attachée au principe de confidentialité ne favorise pas, dans plusieurs cas selon elle, l’intérêt des enfants qui sont confiés aux familles d’accueil.
Alimentée par sa propre expérience autant que par celles des membres de la Fédération qu’elle préside, Mme Rioux a dressé jeudi, devant les douze commissaires de la commission Laurent sur la protection des enfants, un portrait plutôt sombre des rapports entre la DPJ et les familles d’accueil.
Mme Rioux a dit regretter le manque de communication avec la DPJ. Dans plusieurs cas, au nom de ce qui lui apparaît comme une vision étroite et mal avisée de la confidentialité, l’enfant se trouve moins bien servi qu’il le devrait, dit-elle. Au nom de la confidentialité des dossiers, des familles ne seront même pas prévenues, explique Mme Rioux, qu’un enfant est allergique aux arachides.
« Que l’établissement ne parle pas au donneur de soins, ça ne marche pas. C’est comme si le médecin disait à l’infirmière : “Donnez tous les soins, mais je ne vous dis pas ce qu’il y a.” »
L’association que représente
Mme Rioux se veut la voix de près de 2500 familles d’accueil qui ont, sous leurs ailes, la responsabilité d’environ 5000 enfants. Elle-même compte chez elle dix enfants.
Besoin de familles d’accueil
Elle remarque l’essoufflement des familles d’accueil existantes de même que celui des soutiens à ces familles particulières. « Vous avez, en ce moment, un bassin de gens qui ont été refusés pour des [raisons de] grandeur de chambre ! » Des familles qui se portent volontaires attendent sans qu’on les informe ou qu’on les encadre. «Après deux ans et demi [d’attente], on leur dit que la chambre n’est pas de la bonne grandeur. Un pied carré, ça ne devrait pas être prioritaire pour les besoins d’un enfant. »
Mme Rioux regrette que les enfants soient dans le cadre actuel encouragés à ne pas trop s’attacher à leur famille d’accueil. « Des enfants avec des grands traumas, on leur fait vivre [des flottements] pendant deux ans. » Un enfant me disait souvent : “Qu’est-ce qui va arriver si les voleurs viennent?” Pendant des semaines, il m’a demandé ça. J’ai fini par comprendre qu’il avait vécu plusieurs déplacements et que “les voleurs”, pour lui, c’étaient les intervenants. »