Justin Trudeau hésite à se doter d’un lieutenant québécois
Justin Trudeau se donne encore deux semaines pour décider s’il se dotera ou non d’un lieutenant pour le Québec. Mais déjà, plusieurs de ses députés soulignent qu’il est nécessaire d’accroître la présence québécoise dans l’entourage du chef pour mieux être au diapason de la population de la province.
C’est un message qui est revenu souvent de la part des députés libéraux jeudi, alors qu’ils se réunissaient à Ottawa, pour une première fois depuis l’élection, en présence de leurs collègues tombés au combat le 21 octobre dernier.
« Il faut renforcer la présence de Québécois ici, à Ottawa, dans les cercles décisionnels, et ça va se faire », a indiqué Pablo Rodriguez, député d’HonoréMercier et coprésident de la campagne du Parti libéral du Canada (PLC).
Le message est similaire du côté d’Anthony Housefather, député de MontRoyal: «C’est très important que le Québec soit bien représenté dans le bureau du premier ministre et dans les bureaux des différents ministres. C’est très important de renforcer cela. »
Le ministre Francois-Philippe Champagne a aussi soutenu que l’élection était porteuse d’un « message clair ». « Il faut prendre les intérêts, enjeux et priorités du Québec et les mettre en avant. »
Marc Garneau, pour sa part, a souligné que le PLC n’a pas su bien lire ce qui se produisait sur le terrain au Québec. « Au Québec, il y a quatre ou cinq mois, on ne voyait pas venir la montée du Bloc et on doit tirer des leçons de cela. »
Personne n’a ouvertement invité le chef à nommer un lieutenant québécois, préférant laisser M. Trudeau choisir le meilleur moyen de renforcer ses antennes québécoises. M. Trudeau luimême n’a pas écarté cette possibilité.
« On n’a pas encore pris de décision précise, mais vous allez tout savoir le 20. » Le premier ministre assermentera son cabinet le 20 novembre.
La date de retour du Parlement n’est pour sa part pas encore arrêtée. Justin Trudeau a indiqué qu’il la choisira après avoir parlé avec les chefs des autres partis, des conversations devant avoir lieu la semaine prochaine. Le chef conservateur, Andrew Scheer, a demandé mercredi que la Chambre des communes soit rappelée « le plus vite possible ».
En théorie, le Parlement n’est pas obligé de siéger d’ici Noël. L’octroi des crédits nécessaires au fonctionnement de l’État, dû au début de décembre, peut exceptionnellement se faire sans vote au Parlement lorsque le pays se trouve en situation post-électorale.
Se réconcilier avec l’Ouest
La rencontre de jeudi a aussi été l’occasion pour les députés défaits d’Alberta de donner quelques conseils au gouvernement pour apaiser le sentiment d’aliénation de l’Ouest. Armajeet Sohi, le ministre des Ressources naturelles qui a été défait à Edmonton, a soutenu qu’Ottawa devait davantage promouvoir le secteur pétrolier.
« Il faut dire comment l’industrie pétrolière a contribué à la prospérité de tous les Canadiens. Il faut afficher cette fierté et montrer qu’on accorde de la valeur à la contribution du pétrole et du gaz à l’économie du pays », a soutenu M. Sohi. À son avis, il sera «primordial » que l’agrandissement du pipeline Trans Mountain soit achevé à temps et il faut présumer que « le pétrole et le gaz continueront de faire partie de l’économie dans un avenir prévisible ».
Randy Boissonneault, lui aussi défait à Edmonton, a rappelé quant à lui qu'« on ne peut pas » laisser la ressource pétrolière dans le sol. « Nous avons cette ressource. Nous devons l’utiliser. Nous devons l’utiliser pour bâtir une économie carboneutre. »
M. Boissonneault estime que le gouvernement doit améliorer ses communications, car certains gestes bénéfiques pour l’Alberta sont peu publicisés, par exemple le fait que la construction du pipeline a déjà débuté et crée des milliers d’emplois.