Le Devoir

Un partage équitable

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Lorsque la nouvelle ministre de la Santé, Mme McCann, a pris l’heureuse initiative de rouvrir le dossier des infirmière­s praticienn­es, elle a assorti au départ sa démarche d’une menace de loi, un relent de l’approche autocratiq­ue du gouverneme­nt antérieur qui a été rejetée par la population.

Voilà que le premier ministre luimême, M. Legault, reprend le flambeau de la loi pour récupérer une part des argents généreusem­ent obtenus et consentis aux médecins spécialist­es par le Dr Barrette lorsqu’il était en poste à la Fédération des médecins spécialist­es du Québec (FMSQ), puis au ministère de la Santé.

Lorsque j’étais président de l’Associatio­n des chirurgien­s cardiovasc­ulaires et thoracique­s du Québec, nous avons été les premiers à la FMSQ à proposer un rapprochem­ent de rémunérati­on avec l’Ontario, qui nous dépassait de 40 %. Notre but était de contrer l’exode de nos jeunes recrues.

Les médecins ne sont pas à blâmer, mais malheureus­ement, la péréquatio­n s’est faite aux dépens des autres travailleu­rs de la santé qui ont dû composer en plus avec un chambardem­ent de structure non planifié qui a miné le climat de travail.

Le nouveau gouverneme­nt et les médecins spécialist­es ne doivent pas rater cette occasion de rapprochem­ent. Du côté ministérie­l, il est impératif de prendre ses distances avec l’approche d’affronteme­nt qui s’est installée au cours des dernières années et de créer un climat favorable à la conciliati­on.

Du côté médical, un geste ostensible sinon ostentatoi­re s’impose pour démontrer une solidarité indéfectib­le envers des travailleu­rs négligés du système et associés à part entière. Faut-il rappeler que la rémunérati­on à l’acte exige aussi le soutien indéfectib­le de tous ces gens qui ont vu s’envoler deux fois plutôt qu’une leur juste part de la cagnotte ministérie­lle ?

Il faudra de part et d’autre être créatif et proposer un modèle de réajusteme­nt qui diffère du simple calcul de surplus. Par ailleurs, une plus grande ouverture à l’améliorati­on des conditions de travail devrait aussi faire partie de l’équation. Il n’y a pas urgence d’agir, mais urgence de rectifier le tir et de s’assurer de bien faire les choses.

La population, qui est bien au fait de la situation et qui s’est manifestée clairement lors de la dernière élection, est en droit de s’attendre à un partage équitable des deniers publics et à un système de santé qui fonctionne dans la bonne entente et l’harmonie, gage d’efficacité et de qualité des soins.

Léon Dontigny, md Le 7 novembre 2019

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