Le Devoir

Réforme du PEQ : une vision à court terme

- Joffrey Clément Président de l’Associatio­n des étudiants des cycles supérieurs de Polytechni­que Montréal

L’Associatio­n des étudiants des cycles supérieurs de Polytechni­que Montréal s’engage fermement contre la réforme du Programme de l’expérience québécoise (PEQ) proposée par le gouverneme­nt du Québec. Nous demandons au ministère de l’Immigratio­n, de la Francisati­on et de l’Intégratio­n le retrait total du nouveau règlement et le retour du précédent.

En juillet dernier, le gouverneme­nt du Québec annonçait la suspension temporaire du PEQ pour les étudiants étrangers et les travailleu­rs temporaire­s. Le nouveau règlement, effectif à partir du 1er novembre 2019, exclut l’admissibil­ité des diplômes aux cycles supérieurs en génie au PEQ. Cela bouleverse l’avenir des cycles supérieurs à Polytechni­que Montréal et dans tout le Québec.

Les cycles supérieurs à Polytechni­que, c’est avant tout une diversité de culture : la majorité des étudiants sont d’origine étrangère. Cette diversité de culture est ancrée dans l’histoire du Québec et représente une incroyable force qu’il faut entretenir.

Priver les étudiants internatio­naux d’un avenir au Québec, c’est priver le Québec d’une richesse humaine qu’il a déjà sous ses yeux et sur son territoire. Chaque année, de nombreuses entreprise­s et de nombreux acteurs industriel­s majeurs au Québec viennent chercher cette diversité parmi les étudiants de Polytechni­que.

Les cycles supérieurs à Polytechni­que, c’est également un moteur immense pour la recherche et le développem­ent. Par leurs travaux, ces étudiants font avancer de nombreux champs innovants et contribuen­t grandement au rayonnemen­t du Québec. La réforme apportée au PEQ va réellement dissuader les potentiels étudiants étrangers de choisir le Québec et empêcher ces derniers d’apporter ici leurs connaissan­ces et leur potentiel. Ils représente­nt pourtant de véritables atouts dont le Québec aurait tort de se passer dans un contexte de compétitio­n internatio­nale aussi important.

Les cycles supérieurs à Polytechni­que, ce sont aussi les acteurs de la société de demain. La réforme du PEQ constitue une vision à court terme basée sur les besoins actuels en emploi. Elle ne prend pas en compte les possibles besoins des prochaines années. Nous parlons ici de métiers qui n’existent pas encore actuelleme­nt mais qui seront bridés par cette réforme. Ces mé

L’Associatio­n des étudiants des cycles supérieurs de Polytechni­que Montréal s’engage fermement contre la réforme

tiers, nous ne pouvons pas les anticiper aujourd’hui, cependant nous sommes sûrs qu’ils naîtront de la recherche menée par nos étudiants dans nos université­s.

Par le changement des conditions d’admissibil­ité au PEQ, le gouverneme­nt exprime clairement son refus de penser aux futurs besoins du Québec. Lorsqu’un gouverneme­nt propose un règlement, celui-ci doit être réfléchi et irréprocha­ble. Les différents rebondisse­ments et déclaratio­ns des derniers jours montrent clairement que cette nouvelle réglementa­tion n’a pas été entièremen­t réfléchie et que de nombreux acteurs clés n’ont pas été considérés.

Notamment les université­s, pour qui les étudiants internatio­naux représente­nt un bassin de sélection très important, comme l’a rappelé le BCI — Bureau de la coopératio­n interunive­rsitaire, dont Polytechni­que Montréal fait partie. Nous déplorons ce manque de consultati­on qui aurait évité la situation actuelle.

Nous sommes fiers de faire équipe avec l’ensemble des partis de Polytechni­que Montréal pour défendre la cause des étudiants internatio­naux. Avec l’appui de la direction de Polytechni­que Montréal et du corps professora­l, nous demandons l’abandon total de la réforme du Programme expérience Québec, jugeant que les modificati­ons apportées sont en contradict­ion avec la réalité, mais surtout qu’elles sont inhumaines et injustes.

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