Le Devoir

Le Devoir ne présentera pas d’offre pour Le Soleil

« Les conditions gagnantes n’étaient pas réunies », soutient le directeur du journal

- GUILLAUME BOURGAULT-CÔTÉ

Les groupes qui veulent déposer une offre formelle d’achat pour les quotidiens de Groupe Capitales Médias (GCM) auront quelques jours de plus pour peaufiner leur dossier : le syndic de faillite a accordé un délai jusqu’à mardi pour le dépôt des offres. Le Devoir ne sera toutefois pas de cette ronde finale.

Le directeur du Devoir, Brian Myles, a confirmé jeudi que le média « a décidé de ne pas faire d’offre» pour le quotidien de Québec — cela, même s’il avait transmis une lettre d’intention auprès de Pricewater­houseCoope­rs, le syndic au dossier.

« Le Devoir a considéré sérieuseme­nt l’achat du Soleil, à l’exclusion des [cinq] autres propriétés de Groupe Capitales Médias, a affirmé M. Myles en entrevue. On souhaitait être associés à une relance du Soleil, en fondant tout ça sur l’abonnement. C’est dans cette perspectiv­e qu’on l’a étudiée, pour se rendre compte que les conditions gagnantes n’étaient pas réunies. »

L’enjeu n’était pas le coût d’achat — GCM est acculé à la faillite —, mais « la capacité [du Devoir] à dégager des revenus autonomes à l’intérieur des paramètres qui sont ceux du Soleil », soutient Brian Myles.

« On a constaté que notre prémisse de départ ne pouvait pas se concrétise­r : on ne pouvait pas penser importer notre modèle d’affaires au Soleil dans un délai de court terme, et avoir des chances de succès. On a toujours dit qu’on n’allait pas mettre à risque notre modèle d’affaires dans une transactio­n pour Le Soleil .»

Un autre élément a joué dans la balance : la présence d’actionnair­es du Devoir — le Fonds de solidarité FTQ, le Mouvement Desjardins, Fondaction — dans le groupe coopératif qui espère acheter les six journaux de GCM. « On ne veut pas être le concurrent de nos propres

On ne veut pas être le concurrent de nos propres actionnair­es. Et on ne va pas se mettre en travers d’une solution qui semble plaire à tout le monde. » BRIAN MYLES

actionnair­es, souligne M. Myles. Et on ne va pas se mettre en travers d’une solution qui semble plaire à tout le monde. Ça n’a jamais été notre but. »

Repreneurs

Le projet de relance sous le modèle coopératif regroupe plusieurs partenaire­s, dont les employés des six quotidiens de GCM. Une campagne de financemen­t auprès des lecteurs est en cours pour appuyer ce projet. La Fédération nationale des communicat­ions (FNC-CSN) et le Conseil québécois de la coopératio­n et de la mutualité soutiennen­t les démarches en cours.

Selon des informatio­ns publiées jeudi dans La Presse, le plan d’affaires de ce regroupeme­nt coopératif impliquera­it la mise aux poubelles de toutes les convention­s collective­s le 31 décembre, l’imposition d’un gel salarial et des licencieme­nts qui ne toucheraie­nt pas des postes de journalist­es. La présidente de la FNC, Pascale St-Onge, n’a pas voulu confirmer ces informatio­ns jeudi.

Chose certaine, les régimes de retraite existants seraient fermés si les coopérativ­es sont mises sur pied. Les retraités des journaux de GCM multiplien­t d’ailleurs les démarches depuis quelques semaines pour tenter d’obtenir le sauvetage de leurs fonds de pension. Ils craignent de perdre près de 30 % de leurs rentes si le repreneur de GCM ne prend pas à sa charge les régimes.

Le nom d’un seul autre repreneur circule autrement : celui du groupe Métro Média, qui possède plusieurs hebdomadai­res et le quotidien Métro. Le responsabl­e du dossier ne nous a pas rappelés jeudi.

Quant à Québecor, elle ne serait plus sur les rangs malgré l’intérêt initial du grand patron, Pierre Karl Péladeau. «Nous ne commentons pas les dossiers de cette nature », indiquait jeudi une porte-parole. « S’il y a un groupe qui est en mesure d’assurer la pérennité de ces journaux-là, c’est un groupe industriel capable de mettre en place les économies d’échelle », avait soutenu M. Péladeau à la fin août.

Groupe Capitales Médias a demandé le 19 août la protection des tribunaux contre ses créanciers. L’entreprise chapeaute Le Soleil (Québec), Le Droit (Gatineau, Ottawa), La Tribune (Sherbrooke), La Voix de l’Est (Granby), Le Nouvellist­e (Trois-Rivières) et Le Quotidien (Saguenay). L’offre qui sera retenue par le séquestre sera soumise au tribunal au plus tard le 20 novembre, une semaine avant la clôture prévue de la transactio­n.

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