Le Devoir

La stratégie du ministre Roberge pour le projet de loi 40

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En déposant son projet de loi 40 le premier octobre, le ministre Jean-François Roberge avait parfaiteme­nt choisi sa stratégie. Il s’assurait ainsi que les parents impliqués dans les conseils d’établissem­ent et aux comités de parent, nouvelleme­nt élus en septembre, n’auraient qu’un minimum de temps pour en prendre connaissan­ce, le comprendre, en débattre et le critiquer.

La quasi-totalité des comités de parents du Québec se réunissent pour la première fois en octobre. Il s’agit bien souvent d’une première réunion pour 30 à 50 % de ces parents. Ils prendront deux ou trois réunions juste pour se familiaris­er avec la structure et le vocabulair­e du réseau de l’éducation.

Alors, devoir se pencher sur un projet de loi «mammouth» de 312 articles qui modifiera 80 lois, produire un mémoire étoffé et le déposer en commission parlementa­ire pour le 7 novembre, c’est leur donner une très lourde commande. C’est une excellente façon de s’assurer de limiter la critique. C’est s’assurer que la réflexion de ces milliers de parents bénévoles, même avec toute la bonne foi dont ils sont capables, ne puissent découvrir toutes les entourloup­ettes et les couleuvres que le ministre veut leur faire avaler.

Rien de surprenant à ce que des comités de parents de partout au Québec réagissent un peu plus tard. Ils découvrent un à un tous les pièges de ce projet concocté sans consultati­on ni réflexion collective. Notre système public, un des meilleurs au monde malgré ce qu’on en dit, mérite mieux. Les passionnés qui y oeuvrent méritent mieux, qu’ils soient enseignant­s, profession­nels, administra­teurs ou employés de soutien. Les parents qui s’y impliquent méritent tout autant un minimum de respect de ce ministre. Mais surtout, les enfants, que je ne connais pas tous par leur nom, méritent mieux que ce projet bâclé.

François Paquet Le 6 décembre 2019

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