Dix ans après la mort de Lhasa de Sela, 16 danseurs redonnent corps à ses chansons
La compagnie PPS reprend Danse Lhasa Danse avec six nouvelles chorégraphies en l’honneur de la chanteuse disparue il y a dix ans
Pour Pierre-Paul Savoie, la danse est une façon de lire entre les lignes. Et c’est entre les lignes des chansons — festives ou réflexives — de Lhasa de Sela que les 16 danseurs s’animent sur scène dans la nouvelle mouture du spectacle Danse Lhasa Danse, de la compagnie PPS.
C’est près d’un an après la mort de Lhasa de Sela, survenue le 1er janvier 2010, que Pierre-Paul Savoie a d’abord eu l’idée de ce spectacle. « C’était comme un appel », dit-il. Lui qui n’a pas connu Lhasa de Sela de son vivant parle d’elle comme d’une « amie posthume ». Pour accompagner les danseurs, il convie sur scène quatre chanteurs, Bia, Karen Young, Alexandre Désilets et Geneviève Toupin, et quelques musiciens.
Des années après la première mouture de Danse Lhasa Danse, Pierre-Paul Savoie a décidé de modifier quelque 20 % du spectacle, notamment pour rétablir l’équilibre entre la danse et la musique, qui se côtoient constamment sur scène. La proximité des chanteurs et des danseurs font « toute la force » du spectacle, dit-il. Et les chanteurs sont autant invités à danser, dans Danse Lhasa Danse, que les danseurs à chanter.
De son enfance nomade, Lhasa de Sela avait hérité de tendances mystiques et d’une curiosité pour la magie. « Lhasa était une personne très mystique, qui croyait à l’invisible, à la magie, quelqu’un très imprégné d’un univers pas nécessairement cartésien », raconte la chanteuse Bia, qui a bien connu Lhasa. « Elle se demande : qui suis-je dans l’univers ? Quel est le sens de ma vie? Qu’est-ce qui est réel? Qu’est-ce qui est imaginaire ? ajoute-telle. C’est une de ces personnes qui a tellement marqué ceux qui l’ont côtoyée qu’on a toujours l’impression qu’elle est là. »
On ne s’étonne donc pas de voir surgir les danseurs, comme des apparitions, sur les notes qu’elle chante. « La danse est comme une incarnation», dit Pierre-Paul Savoie. Chansons festives, chansons profondes, le spectacle provoquera, promet Pierre-Paul Savoie, un besoin de se rapprocher des êtres qui nous sont chers et une réflexion sur notre propre mort. Au sujet de sa relation avec Lhasa, Pierre-Paul Savoie parle d’ailleurs de «devination». «Elle a abordé des sujets comme la mort, la continuité », dit-il.
« La danse fait toute la différence » dans ce spectacle dédié à Lhasa, raconte la chanteuse Bia, qui était une grande amie de Lhasa. « Lhasa adorait la danse », même si elle ne dansait pas sur scène, dit Pierre-Paul Savoie.
Retrouvailles de « vieux amants »
Entre la première édition de Danse Lhasa Danse et celle-ci, il y a eu le spectacle sur Léo Ferré qui a marqué la compagnie PPS. L’équipe, soudée par cette expérience, se retrouve dans Danse Lhasa Danse comme « de vieux amants qui se sont quittés, qui se redécouvrent, qui vont au lit et se reconnaissent tout de suite», explique Bia. Le nouveau spectacle compte cependant six nouvelles chorégraphies, signées notamment Roxane Duchesne-Roy, Sébastien Cossette-Masse et Pierre-Paul Savoie.
De nouvelles chansons, What kind of heart ? Bells, Small Song, ont aussi été ajoutées au spectacle, qui en compte 21 en tout, pour une durée totale d’environ 1 h 45. Le premier disque de Lhasa, La Llorona, est « festif et mexicain. Mais je n’ai pas voulu donner seulement ces couleurs-là, dit Pierre-Paul Savoie. J’ai essayé d’apporter des couleurs plus profondes, dès le début du show ».
C’est Karen Young qui interprétera les pièces «les plus profondes» du spectacle, comme I Am Going in, et Soon This Space Will Be too Small, dit-il. Bia y chante les plus festives. Alexandre Désilets, la voix masculine de l’ensemble, y décline plusieurs titres, dans différents registres. Philippe Brault s’est chargé des arrangements musicaux.
Danse Lhasa Danse marque le dixième anniversaire de la mort de Lhasa de Sela, décédée prématurément du cancer du sein, mais aussi le 30e anniversaire de la troupe PPS.