L’ancien prêtre pédophile affirme avoir lui-même été abusé étant enfant
L’ancien prêtre français Bernard Preynat, jugé en France pour de multiples agressions sexuelles sur de jeunes scouts il y a plus de 30 ans, a révélé mercredi avoir lui-même été victime d’abus dans sa jeunesse.
À la barre, l’ancien curé de SainteFoy-lès-Lyon (Centre-Est) a indiqué en avoir fait état dans une lettre adressée à l’administrateur apostolique Michel Dubost, qui remplace le cardinal Philippe Barbarin dans la gestion du diocèse de Lyon depuis sa condamnation en mars pour ses silences sur le cas Preynat.
Dans ce courrier, écrit l’été dernier au moment de son procès apostolique — à l’issue duquel il sera expulsé de l’Église — Bernard Preynat raconte avoir été «victime d’un prêtre au séminaire, d’un moniteur qui [le] caressait sous la douche ».
Il y explique avoir été successivement agressé sexuellement par un sacristain de sa paroisse, un séminariste et un prêtre au petit séminaire entre sa quatrième et sa sixième. « Quand j’ai raté mon bac, on m’a dit de redoubler ailleurs sans donner d’explication à mes parents. Si on leur avait dit, je n’aurais pas continué le séminaire », a-t-il encore écrit.
Interrogé en marge de l’audience, son avocat, Frédéric Doyez, a confié avoir été pris de court par ces révélations. « Il ne m’en avait jamais vraiment parlé. Quand on subit des agressions de ce type, il y a une honte », a déclaré l’avocat.
« Je ne dirais pas que je suis étonné. C’est ce qui se passe lors d’une audience. Mais s’il n’en avait pas parlé, c’est peut-être par crainte que l’on pense que c’est en quelque sorte pour se dédouaner », a-t-il ajouté.
Bernard Preynat a précisé devant les juges qu’il n’avait jamais évoqué ces
Interrogé en marge de l’audience, l’avocat de l’accusé a confié avoir été pris de court par ces révélations
faits avant d’être interrogé par une inspectrice de police début 2016.
Preynat, qui reconnaît la plupart des faits, est poursuivi pour des agressions pédophiles commises voici plusieurs décennies, entre 1971 et 1991, alors qu’il officiait comme vicaire-aumônier scout à Sainte-Foy-lès-Lyon (Centre-Est). À l’époque, il faisait l’admiration des parents du diocèse qui lui confiaient leurs enfants, dans sa paroisse ou lors de camps à l’étranger.
Ce n’est qu’en 2015 que plusieurs anciens scouts brisent l’omerta et accusent Preynat devant la justice. Ces agissements ont été passés sous silence par l’Église de France, provoquant la condamnation du cardinal Barbarin en mars 2019.
Dix victimes, mineures au moment des faits, ont été entendues mardi et mercredi devant le tribunal à Lyon, qui a débuté mercredi soir par l’audition d’un expert psychologue chargé de sonder la personnalité de l’ancien curé de 74 ans.
L’ancien prêtre encourt jusqu’à 10 ans d’emprisonnement.