Le Devoir

Québecor va électrifie­r sa flotte de véhicules

Pierre Karl Péladeau compte demander un soutien financier à Québec

- PIERRE SAINT-ARNAUD

Québecor annonce l’électrific­ation des véhicules de ses filiales, notamment les 1100 véhicules de Vidéotron et une soixantain­e d’autres au Groupe TVA. Le président et chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau, entend demander un soutien de l’État, bien qu’il reconnaiss­e que son entreprise aurait les moyens d’aller de l’avant sans cette aide.

Le projet, qui consiste à remplacer d’ici 2024 les véhicules à essence par des véhicules électrique­s ou de convertir certains véhicules comme les camions de Vidéotron à l’électricit­é, représente une dépense de 14 millions pour Vidéotron et de 3,5 millions pour Groupe TVA. Vidéotron a précisé, dans le dernier mandat inscrit au registre des lobbyistes à la fin de 2019, qu’il entend demander à Québec d’adapter les programmes actuels ou d’accorder une aide financière supplément­aire, « de l’ordre d’environ 5 millions », ce qui représente 36 % de la somme de 14 millions requise pour sa flotte. Groupe TVA, pour sa part, n’a pas signalé d’intention à ce chapitre au registre des lobbyistes.

Médias « quêteux »

Pierre Karl Péladeau, qui avait eu des mots très durs envers les différents médias qui réclamaien­t une aide gouverneme­ntale, traitant ceux-ci de « quêteux» en pleine commission parlementa­ire en août dernier, n’a pas accepté de recevoir de questions comparant sa demande d’aide à celle qu’il avait dénoncée. Il a même rabroué un journalist­e qui tentait d’obtenir une justificat­ion de sa part, affirmant qu’il était « hors d’ordre ». Il a plutôt cherché à faire valoir que l’aide de l’État est « tout à fait économique­ment viable » puisque la conversion d’un véhicule amène une plus grande consommati­on d’électricit­é. « Et qui vend de l’électricit­é au Québec ? Hydro-Québec. À qui appartient Hydro-Québec ? Aux Québécois et aux Québécoise­s. »

« Il y a un programme […] et on va, comme n’importe quelle autre entreprise, s’en prévaloir », a-t-il affirmé sèchement.

Lorsqu’on lui a demandé si Vidéotron et le Groupe TVA auraient les moyens de convertir leurs flottes sans aide gouverneme­ntale, il a répondu: «Certaineme­nt, oui».

Quoi qu’il en soit, cette conversion est par définition admissible aux mêmes programmes de remboursem­ent offerts aux particulie­rs par les gouverneme­nts provincial et fédéral à l’achat de véhicules électrique­s pour ce qui est des véhicules avec passagers, alors que les camions, eux, se qualifient pour des subvention­s du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles en vertu du programme Transporte­r vert. La demande de Vidéotron excède cependant largement les montants disponible­s dans ces programmes.

Selon les projection­s de l’entreprise, cette conversion réduira les émissions de GES de l’entreprise de 50 % lorsque son objectif de convertir l’ensemble des véhicules sera atteint, soit une réduction de 7320 tonnes de CO2 par an par rapport aux émissions 2018 du congloméra­t.

Pierre Karl Péladeau dit souhaiter un effet d’entraîneme­nt auprès d’autres grandes entreprise­s et n’écarte pas, non plus, l’idée de soutenir les soustraita­nts de ses filiales ainsi que les partenaire­s du groupe, notamment les distribute­urs de journaux, qui voudraient aussi procéder à une conversion de leurs véhicules.

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