Le Devoir

L’été prend ses quartiers au marché Jean-Talon

- GUILLAUME LEPAGE

Le Marché Jean-Talon lance sa saison estivale jeudi, armé des mesures de précaution­s nécessaire­s pour accueillir les clients en temps de pandémie. Certains commerçant­s craignent malgré tout de voir leur chiffre d’affaires s’effondrer.

Comme chaque année début mai, le marché montréalai­s remise ses murs amovibles et se décloisonn­e. Mais aujourd’hui, pandémie oblige, l’endroit est plus bouclé que jamais, ceinturé de hautes clôtures métallique­s.

L’expérience n’y sera plus comme avant : les entrées se feront au comptegout­tes, à trois endroits seulement, sous l’oeil attentif d’employés chargés d’en contrôler l’accès. Chaque client sera aussi prié de se désinfecte­r les mains.

Sur le site, d’autres employés veilleront au respect des consignes sanitaires, notamment de distanciat­ion physique. Pour embaucher tout ce personnel supplément­aire, le marché a fait appel à une agence, explique Nicolas Fabien-Ouellet, directeur général par intérim de la Corporatio­n des Marchés publics de Montréal.

Les allées ont été élargies et les kiosques éloignés les uns des autres. Malgré les flèches habillant désormais le sol, les clients pourront se déplacer plus librement qu’en épiceries. Or, M. Fabien-Ouellet n’écarte pas de serrer la vis au besoin. « On veut y aller progressiv­ement et rester flexible. »

L’argent comptant sera en outre toujours permis, puisque le gouverneme­nt ne l’interdit pas, bien qu’il en déconseill­e l’usage et privilégie les transactio­ns par carte.

Quant au coût de ces mesures spéciales, le directeur général n’a pu avancer de chiffres. Chose certaine : la situation ajoute une pression financière. « On doit quand même faire le nécessaire. On est un service essentiel, on est là pour nourrir Montréal. »

Et l’offre habituelle du marché sera au rendez-vous, assure-t-il. Les marchands de fleurs débarquero­nt toutefois seulement dans les prochains jours.

Adaptation

Lors du passage du Devoir mercredi après-midi, le marché était peu animé. Une poignée de kiosques avait pris forme alors que des marchands et des employés y mettaient la touche finale.

C’est le cas de Sylvain Pelletier, des Jardins d’Émilie. Ce pomiculteu­r possède un point de vente depuis quatre ans au Marché Jean-Talon. Pour offrir une large gamme de légumes, il fait affaire avec plusieurs maraîchers.

Pour accueillir ses prochains clients en toute sécurité, il n’a pas lésiné sur les mesures à prendre. Gants et masques de protection pour tout le monde, insiste-t-il. Ses employés devront aussi se laver régulièrem­ent les mains et servir derrière les larges panneaux vitrés.

« Financière­ment, ç’a engendré des coûts énormes », lance-t-il, espérant surtout ne pas devoir rester fermé le dimanche trop longtemps. Cette décision risque de lui faire perdre beaucoup de ventes, et des produits. « On vend des fruits et légumes. C’est périssable », dit-il.

Il juge en outre la mesure contradict­oire avec le message « d’acheter local » martelé depuis plusieurs semaines par Québec. « Pendant que Costco et Walmart vendent le dimanche des fruits et légumes qui ne viennent pas toujours d’ici, nous, on doit fermer. C’est inconcevab­le. »

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