Le Devoir

Feu vert à l’aide aux étudiants

Le gouverneme­nt fédéral obtient un chèque en blanc

- HÉLÈNE BUZZETTI MARIE VASTEL CORRESPOND­ANTES PARLEMENTA­IRES À OTTAWA

L’aide promise par Ottawa pour les étudiants qui auront de la difficulté à décrocher un emploi cet été sera bientôt une réalité. Mais quelle en sera l’ampleur et à quelles conditions y auront-ils accès ? Cela reste à déterminer, car les partis d’opposition ont accepté de donner au gouverneme­nt un chèque en blanc, appuyant un projet de loi dont les paramètres seront fixés plus tard, sans approbatio­n parlementa­ire.

Le gouverneme­nt de Justin Trudeau a annoncé la semaine dernière son intention de créer une Prestation canadienne d’urgence pour étudiants (PCUE) : un chèque de 1250 $ par mois pendant quatre mois pour les étudiants sans emploi ou ayant peu d’heures de travail, et de 1750 $ pour les étudiants handicapés ou ayant une personne à charge. Tous les étudiants auraient pu gagner jusqu’à 1000 $ par mois avant de perdre la PCUE.

Toutefois, cette propositio­n ne faisait l’affaire d’aucun des trois partis d’opposition officielle­ment reconnus. D’un côté, le Parti conservate­ur et le Bloc québécois craignaien­t que la PCUE encourage les jeunes à ne pas travailler ou à ne travailler que le nombre d’heures permis avant de perdre la prestation. À l’autre extrémité, le NPD déplorait que les étudiants reçoivent moins que les 2000 $ auxquels ont droit les travailleu­rs ayant perdu un emploi à cause de la pandémie.

L’opposition et le gouverneme­nt ont tenté de trouver un compromis, en vain. Faute d’avoir le consenteme­nt unanime pour adopter dès mercredi le projet de loi, il aurait fallu attendre que la Chambre siège à nouveau en personne mercredi prochain puisqu’il est impossible de le voter en séance virtuelle. Il a donc été convenu d’appuyer un projet de loi très vague accompagné d’une motion par laquelle le gouverneme­nt promet de répondre aux demandes de l’opposition par voie réglementa­ire.

Ainsi, pour le NPD, le gouverneme­nt s’engage à porter à 2000 $ la PCUE pour les étudiants handicapés ou ayant une personne à charge. Pour le Bloc qui voudrait permettre aux étudiants d’accumuler plus de gains avant de perdre la PCUE, le projet de loi dit que le plafond de 1000 $ pourrait être modifié. Pour le Parti conservate­ur, le gouverneme­nt s’engage à « mettre en place de nouveaux incitatifs financiers et mesures de soutien » pour jumeler les étudiants avec les emplois offerts dans le secteur de l’agricultur­e et de l’agroalimen­taire.

Les étudiants réclamant la PCUE devront attester dans leur demande qu’ils n’ont pas réussi à trouver un emploi et seront redirigés vers les guichets fédéraux regroupant les offres d’emploi au pays.

Les gouverneme­nts du Québec et du Nouveau-Brunswick ainsi que l’Union des producteur­s agricoles (UPA) ont exprimé eux aussi des craintes quant à l’effet dissuasif que pourrait avoir la PCUE et aussi la Prestation­s canadienne d’urgence (PCU) de 2000 $ destinée aux autres travailleu­rs. « On voit moins d’intérêt », soutient le président de l’UPA, Marcel Groleau. Il relate le cas d’un pépiniéris­te de la région de Québec qui, normalemen­t, embauche des étudiants, mais qui constate cette année que « ça ne frappe pas aux portes ».

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