Le Devoir

La Librairie Olivieri victime de la pandémie

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La fermeture définitive de la Librairie Olivieri, victime de la crise et des travaux sur le chemin de la Côte-des-Neiges, laissera un vide irréparabl­e dans le paysage littéraire montréalai­s. Richement achalandé et admirablem­ent dirigé par Yvon Lachance et Rina Olivieri, secondés par un personnel aussi compétent qu’aimable, le magasin était beaucoup plus qu’une librairie. C’était un lieu de conviviali­té où fleurissai­t la littératur­e. Les fréquents lancements, causeries et rencontres attiraient un public fidèle et enthousias­te. Il est impossible, évidemment, d’énumérer les écrivains célèbres ou débutants qui ont animé ce lieu privilégié. […]

Dès l’entrée, on était certains de trouver toutes les nouveautés de la littératur­e québécoise. Les rayons spécialisé­s, philosophi­e, histoire ou autre, offraient des heures de découverte heureuse, jamais troublée par le personnel qui, bien que vigilant, savait qu’il faut parfois un peu de temps pour qu’un livre prenne possession du lecteur. […]

La librairie comprenait un bistro qui offrait, en plus d’une délicieuse cuisine, un lieu de repos après les achats, de célébratio­n après les événements, de rencontre en tout temps. Il était rare de n’y pas reconnaîtr­e quelque ami ou connaissan­ce. L’hiver, on dégustait les trouvaille­s du chef dans une salle accueillan­te de style café français. L’été, une grande terrasse permettait de manger dehors, même en temps de pluie, loin des bruits et de la poussière de la chaussée.

Je savais bien que la vie après la pandémie ne serait plus la même, qu’il y aurait des difficulté­s économique­s pendant un temps assez long, que bien des plaisirs auxquels nous étions accoutumés auraient disparu. Mais je le savais intellectu­ellement. Maintenant, avec la perte de mon lieu de prédilecti­on, je le sais dans mon coeur. Ethel Groffier

Le 28 avril 2020

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