Baisses de revenus pour la moitié des entreprises
Une enquête de Statistique Canada et de la Chambre de commerce brosse un portrait détaillé des effets de la crise
Près de la moitié des entreprises québécoises ont vu leurs revenus plonger de plus de 20 % en raison de la pandémie, et un peu plus d’une sur dix a diminué le salaire du personnel et certains traitements, signale une grande enquête publiée mercredi par Statistique Canada et la Chambre de commerce du Canada.
Décrite par la Chambre comme un « premier aperçu détaillé » de ce que les compagnies ont fait pour s’adapter à la crise ou n’ont pas été en mesure de mettre en oeuvre, l’enquête cerne toute une série de comportements et de décisions attribuables aux mesures sanitaires qui, dans bien des cas, ont forcé des changements radicaux dans le fonctionnement des entreprises, pour ne pas dire des fermetures temporaires.
Ainsi, tout près de la moitié des entreprises québécoises ont effectué des mises à pied dans la foulée de la pandémie de COVID-19. L’enquête montre également que 12 % des sociétés ont mis à pied 100 % de leur effectif. Une légère majorité d’entre elles (52 %) ont mis à pied moins de 1 % de leurs employés, voire aucun.
L’enquête effectuée du 3 au 24 avril a récolté les réponses de 12 600 entreprises, dont 1991 en sol québécois, a indiqué la Chambre de commerce au
Devoir. « Les renseignements obtenus permettent de faire ressortir le temps qu’il reste aux entreprises avant qu’elles ne soient obligées de cesser leurs activités de façon permanente. Ces renseignements sont essentiels au gouvernement pour qu’il puisse adapter ses programmes », a indiqué sa chef des opérations, Jackie King. Le statisticien en chef de Statistique Canada, Anil Anora, a décrit le sondage conjoint comme un exercice « unique en son genre », ses résultats présentant « un tableau précis des véritables répercussions » de la crise qui permettraient de guider les décisions des autorités.
Nouveaux produits
Il ne s’agit pas du seul sondage indiquant l’effet de la crise sur la santé financière des entreprises. Selon la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, par exemple, environ la moitié des PME québécoises ont vécu une baisse de plus de 70 % de leurs revenus, selon un récent sondage. Mais l’enquête publiée mercredi fournit un éclairage qui inclut non seulement toutes les tailles d’entreprises, mais qui se penche aussi sur des modifications de production.
Ainsi, pour le Canada dans son ensemble, 4 % des entreprises du secteur de la fabrication ont été en mesure de transformer leurs chaînes pour fabriquer des masques et de l’équipement de protection pour les yeux, hautement convoités dans le secteur de la santé et les entreprises jugées essentielles, dont les épiceries et certaines sociétés manufacturières.
Statistique Canada et la Chambre de commerce ont également tenté d’évaluer la difficulté qu’entraînent les mesures de distanciation. Ainsi, le tiers des entreprises canadiennes (29 % au Québec) sont capables de poursuivre partiellement ou complètement leurs activités pour six mois ou plus, mais 18 % (20 % au Québec) sont incapables de le faire pour une partie de leurs activités ou l’ensemble.
Par ailleurs, une entreprise québécoise sur quatre estime être en mesure de fonctionner de 16 à 60 jours sans aucune source de revenus à compter du 1er février. Cependant, 5,6 % disent qu’elles peuvent survivre seulement de 1 à 15 jours, et 4,9 % disent qu’elles ne peuvent tout simplement pas passer une journée sans revenu. De plus, près de 30 % des compagnies québécoises ont fait une demande de crédit à une institution financière, acceptée en tout ou en partie, tandis que 4 % ont encaissé un refus. La majorité des entreprises (57,8 %) n’a fait aucune demande.
Au chapitre du chiffre d’affaires, 53,5 % des entreprises canadiennes ont subi une baisse de plus de 20 %, comparativement à 47,8 % au Québec. Un peu plus de 6 % des sociétés québécoises, toutefois, ont vu leurs revenus bondir de plus de 10 %, une proportion observée dans plusieurs provinces. À l’échelle canadienne, les baisses de revenus de plus de 50 % frappent particulièrement les secteurs des spectacles et de la restauration.
12 %
C’est le pourcentage des sociétés qui ont mis à pied 100 % de leur effectif.