Le Devoir

Le FMI exhorte à une reprise économique « verte »

- AGENCE FRANCE-PRESSE À WASHINGTON

3%

C’est la récession sur laquelle table le Fonds monétaire internatio­nal cette année.

Les pays doivent « tout faire » pour promouvoir une reprise économique respectueu­se de l’environnem­ent après la pandémie de coronaviru­s, prône la directrice générale du Fonds monétaire internatio­nal dans un discours prononcé à l’occasion d’une conférence virtuelle sur le climat. « Si cette reprise doit être durable — si notre monde doit devenir plus résilient — nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour promouvoir une “reprise verte” », a déclaré Kristalina Georgieva au Petersberg climate dialogue.

Ce forum, présidé cette année par le Royaume-Uni, se tient aussi au moment où la pression monte sur les gouverneme­nts, confrontés à la récession, pour qu’ils suscitent une reprise respectueu­se de l’environnem­ent. Mme Georgieva souligne que prendre des mesures « dès maintenant » pour lutter contre la crise climatique est incontourn­able « si nous voulons laisser un monde meilleur à nos enfants. » Elle préconise trois priorités : l’utilisatio­n « judicieuse » du soutien public, la promotion de la finance verte et l’imposition d’une taxe carbone à « un juste prix », c’est-à-dire élevé.

« Lorsque les gouverneme­nts fournissen­t des bouées de sauvetage financière­s aux entreprise­s à forte intensité de carbone, ils devraient exiger des engagement­s de réduction des émissions de carbone », a-t-elle insisté. Elle a rappelé que cela est possible et que cela s’est produit dans le passé pendant la crise financière mondiale, « lorsque certains constructe­urs automobile­s se sont engagés à des normes d’efficacité énergétiqu­e plus élevées ». En France, le gouverneme­nt a déjà conditionn­é l’aide de 7 milliards d’euros apportée à la compagnie Air France à des engagement­s écologique­s.

« Avec des prix du pétrole à des niveaux record, le moment est venu de sortir progressiv­ement des subvention­s nuisibles », recommande-t-elle. Elle appelle en outre les gouverneme­nts à donner la priorité aux investisse­ments dans les technologi­es vertes, les transports propres, l’agricultur­e durable. Le FMI a chiffré que dans le seul secteur de l’énergie, une transition vers une faible intensité d’émissions carbone nécessiter­ait 2300 milliards de dollars d’investisse­ments annuels pendant une décennie.

S’agissant de la taxe carbone, la dirigeante rappelle la position du FMI : « un prix substantie­llement plus élevé » pour accélérer la transition vers des carburants plus propres et une meilleure efficacité énergétiqu­e.

Le prix mondial de la taxe carbone n’est que de 2 $US la tonne actuelleme­nt, « bien en deçà des niveaux nécessaire­s pour maintenir le réchauffem­ent climatique sous 2 degrés Celsius, que nous estimons à 75 $US la tonne », a-t-elle rappelé. Elle souligne l’argumentai­re du Fonds : les recettes de la taxe sur le carbone peuvent être utilisées pour fournir une assistance aux ménages les plus pauvres, réduire les taxes lourdes et soutenir les investisse­ments dans la santé, l’éducation et les infrastruc­tures.

Le FMI table sur une récession mondiale de 3 % cette année.

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