McCann veut en finir avec l’omerta
La ministre de la Santé, Danielle McCann, invite le personnel des hôpitaux et des CHSLD à dénoncer les problèmes qu’ils perçoivent dans le réseau sans craindre les répercussions de leur employeur : « S’il y a un problème, on veut le savoir, a-t-elle lancé en commission parlementaire vendredi. Il n’y a plus d’omerta. »
Son message arrive à point, alors que plusieurs dénoncent l’omerta qui sévit depuis longtemps dans le réseau de la santé et qui est exacerbée par la pandémie.
Mardi dernier, les employés du centre intégré de santé et de services sociaux de Laval ont reçu un « rappel des règles » en matière de communications avec les médias. « Aucun employé ne peut parler à des représentants des médias (journalistes ou autres) sans avoir préalablement obtenu l’autorisation du service des communications et des relations publiques », écrit-on dans la communication interne dont Le Devoir a obtenu copie.
« Il y a de l’information qui n’est pas connue du grand public parce que les gens n’osent pas parler et l’information est contrôlée par le haut », déplore Isabelle Dumaine, présidente du syndicat des infirmières, inhalothérapeutes et infirmières auxiliaires de Laval.
« Je pense que c’est très approprié [de laisser les gens s’exprimer librement], car si les employés n’avaient pas parlé, je ne crois pas que la société serait aussi sensible à ce qui se vit aujourd’hui. »
Le devoir de loyauté
Il n’y a pas qu’à Laval que ce type de politique interne existe. Dans tous les établissements de santé, les employés sont tenus à un « devoir de loyauté », une expression qui fait frémir la présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ), Nancy Bédard.
« On demande aux professionnels de la santé d’être loyaux envers l’employeur pour protéger la réputation de l’établissement, alors que notre loyauté première devrait être envers les patients. »
Selon la FIQ, qui se bat depuis des années contre « l’omerta », les infirmières sont de plus en plus nombreuses à prendre la parole malgré les réprimandes, les lettres au dossier et les suspensions.
La porte-parole du CISSS de Laval, Judith Goudreau, explique que ces directives ne visent pas à museler les employés, mais à « les accompagner et à les rassurer ».
Il faut s’assurer, dit-elle, que les personnes qui parlent aux médias disposent de toutes les informations pertinentes pour « éviter que ça parte dans tous les sens ».
Pour ceux qui ne respectent pas la consigne, il n’y a « pas de sanctions officielles, mais il peut y avoir une discussion avec le coordonnateur ou le responsable de cette direction-là. »
Si les employés n’avaient pas parlé, je ne crois pas que la société serait aussi sensible à ce qui se vit aujourd’hui ISABELLE DUMAINE