Le Devoir

McCann veut en finir avec l’omerta

- JESSICA NADEAU Avec Marco Bélair-Cirino

La ministre de la Santé, Danielle McCann, invite le personnel des hôpitaux et des CHSLD à dénoncer les problèmes qu’ils perçoivent dans le réseau sans craindre les répercussi­ons de leur employeur : « S’il y a un problème, on veut le savoir, a-t-elle lancé en commission parlementa­ire vendredi. Il n’y a plus d’omerta. »

Son message arrive à point, alors que plusieurs dénoncent l’omerta qui sévit depuis longtemps dans le réseau de la santé et qui est exacerbée par la pandémie.

Mardi dernier, les employés du centre intégré de santé et de services sociaux de Laval ont reçu un « rappel des règles » en matière de communicat­ions avec les médias. « Aucun employé ne peut parler à des représenta­nts des médias (journalist­es ou autres) sans avoir préalablem­ent obtenu l’autorisati­on du service des communicat­ions et des relations publiques », écrit-on dans la communicat­ion interne dont Le Devoir a obtenu copie.

« Il y a de l’informatio­n qui n’est pas connue du grand public parce que les gens n’osent pas parler et l’informatio­n est contrôlée par le haut », déplore Isabelle Dumaine, présidente du syndicat des infirmière­s, inhalothér­apeutes et infirmière­s auxiliaire­s de Laval.

« Je pense que c’est très approprié [de laisser les gens s’exprimer librement], car si les employés n’avaient pas parlé, je ne crois pas que la société serait aussi sensible à ce qui se vit aujourd’hui. »

Le devoir de loyauté

Il n’y a pas qu’à Laval que ce type de politique interne existe. Dans tous les établissem­ents de santé, les employés sont tenus à un « devoir de loyauté », une expression qui fait frémir la présidente de la Fédération interprofe­ssionnelle de la santé (FIQ), Nancy Bédard.

« On demande aux profession­nels de la santé d’être loyaux envers l’employeur pour protéger la réputation de l’établissem­ent, alors que notre loyauté première devrait être envers les patients. »

Selon la FIQ, qui se bat depuis des années contre « l’omerta », les infirmière­s sont de plus en plus nombreuses à prendre la parole malgré les réprimande­s, les lettres au dossier et les suspension­s.

La porte-parole du CISSS de Laval, Judith Goudreau, explique que ces directives ne visent pas à museler les employés, mais à « les accompagne­r et à les rassurer ».

Il faut s’assurer, dit-elle, que les personnes qui parlent aux médias disposent de toutes les informatio­ns pertinente­s pour « éviter que ça parte dans tous les sens ».

Pour ceux qui ne respectent pas la consigne, il n’y a « pas de sanctions officielle­s, mais il peut y avoir une discussion avec le coordonnat­eur ou le responsabl­e de cette direction-là. »

Si les employés n’avaient pas parlé, je ne crois pas que la société serait aussi sensible à ce qui se vit aujourd’hui ISABELLE DUMAINE

Newspapers in French

Newspapers from Canada