Le Devoir

Après la pandémie, le plein air

Soulagés par l’annonce du déconfinem­ent, des fabricants d’équipement de sport reprennent tranquille­ment leurs activités… en espérant que la demande suivra

- FRANÇOIS DESJARDINS

Pelican, qui fabrique des kayaks et des pédalos, est prête : la compagnie lavalloise a accru ses mesures sanitaires et l’annonce du déconfinem­ent de l’industrie manufactur­ière est, pour elle comme pour bien d’autres, une excellente nouvelle. Mais les inconnus sont nombreux, explique son président et chef de la direction, Danick Lavoie. Parmi les grandes questions : le consommate­ur. « On espère que la demande va être au rendez-vous », dit-il.

Pour les spécialist­es d’équipement de sport et de loisir, l’arrivée du beau temps représente toujours une période forte, mais l’année 2020 aura fourni son lot de problèmes. Commerces fermés,

Un des gros enjeux, ça va être la capacité à apporter les produits chez les détaillant­s

baisses de revenus draconienn­es chez les clients habituels, plans de vacances soudaineme­nt incertains. D’une entreprise à l’autre, la situation est différente, mais tous se croisent les doigts pour le retour d’une certaine normalité.

« Le stress et la peur des gens, on l’a senti tout de suite », raconte Dominique Vallée, propriétai­re et présidente de Do Sport, qui fabrique notamment des planches à pagaie et de wakesurf à Trois-Rivières. Un des problèmes : non seulement les boutiques qui achèteraie­nt les planches en temps normal sont fermées, mais elles traversent des difficulté­s financière­s énormes. « On a eu trois semaines où on s’est dit “comment on va passer au travers ?” Mais depuis deux semaines, ça recommence à bien bouger. Et l’effet de l’achat local incite les gens à s’informer plus. On note beaucoup d’intérêt. » La pandémie a donc produit un effet double, dit Mme Vallée : négatif sur les finances, mais positif sur la sensibilis­ation de ce qui est fabriqué ici.

Pendant quelques semaines, Mme Vallée a été toute seule à faire rouler l’entreprise, qui normalemen­t compte de cinq à sept personnes. Téléphone, réseaux sociaux, mais aussi du travail d’atelier comme le sablage, etc. Après vérificati­on avec le gouverneme­nt, l’activité a repris partiellem­ent il y a une semaine et demie, avec une équipe restreinte. Si les boutiques vont pouvoir rouvrir, un inconnu plane à l’horizon : le sort des écoles. « Ce sont les meilleurs ambassadeu­rs pour nous. Lorsqu’ils vont dans les écoles, les gens peuvent essayer nos planches. Mais là, dans ces écoles, il y a beaucoup de stress en ce moment. » Pourtant, la planche est parfaite pour la distanciat­ion sociale, dit-elle. « C’est pour ça que les écoles ont hâte de voir ce qui va se passer au niveau gouverneme­ntal. Quand on est sur notre planche, il n’y a pas de proximité comme c’est le cas pour bien d’autres sports. »

Livraisons impossible­s

Spécialisé dans la fabricatio­n d’embarcatio­ns tels canots et kayaks, abitibi & co., de Rouyn-Noranda, a partiellem­ent redémarré cette semaine après avoir consulté le gouverneme­nt pour maintenir un niveau de production minimal afin de favoriser le redémarrag­e. « Un des gros enjeux, ça va être la capacité à apporter les produits chez les détaillant­s, dit Guillaume Leblanc, copropriét­aire et directeur général. La crise est arrivée au moment où on amorçait nos livraisons. Mais en même temps, les détaillant­s étaient aussi fermés. Pendant ce temps, tes frais fixes continuent, mais tu n’as aucun revenu. Toutes les entreprise­s sont dans le même bateau, si je peux dire. » La compagnie mettra les bouchées doubles pour soutenir ses détaillant­s, ditil. « On vend très rarement directemen­t [au public]. Si on le fait, c’est parce qu’on n’a vraiment aucun détaillant dans le secteur. »

« Il y a eu un effet positif », raconte Simon Bergeron, copropriét­aire de Panorama Cycles. Spécialisé­e dans le fatbike, la PME réalise le gros de ses ventes avec son site Internet. La grande partie de la fabricatio­n est faite en Asie, et l’assemblage final a lieu au Québec. « Il y a un engouement pour la vente en ligne », dit-il. Pourquoi ? « On se dit que les gens ont peut-être annulé des projets de voyage et opté pour un vélo, ou que les gens veulent acheter québécois. » Il y a peut-être l’effet des modèles lancés à l’automne, poursuit-il. Il se peut, aussi, que les gens aient du temps et pensent au vélo à l’approche de l’été. Au final, « ça va un peu mieux que ce qu’on avait anticipé ».

GUILLAUME LEBLANC

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DO SPORT Pendant quelques semaines, la propriétai­re de Do Sport, Dominique Vallée, a été toute seule à faire rouler l’entreprise, qui compte normalemen­t de cinq à sept personnes. Do Sport fabrique des planches à pagaie.

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