Le Devoir

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Le genre cyberpunk connaît une renaissanc­e depuis les dernières années. Le Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve y est peut-être pour quelque chose. Reste que l’effet se laisse sentir dans le monde des jeux vidéo. Cloudpunk, du studio indépendan­t allemand Ion Lands, en est sa dernière progénitur­e.

On y prend la place de Rania, une nouvelle arrivante dans une mégalopole futuriste. Ce soir, elle entame son premier quart de travail comme livreuse pour un service de courrier clandestin appelé Cloudpunk. Deux règles : livrer le colis dans les temps et ne jamais demander ce qu’il contient. On les enfreindra toutes les deux.

Le jeu ne dure qu’une nuit — environ huit ou neuf heures, en temps réel —, mais cette nuit passée à déplacer des paquets du point A au point B changera à jamais Nivalis, une ville tentaculai­re qui s’étend des bas-fonds, où crime et pauvreté se côtoient, jusqu’aux nuages, là où, au sommet des tours, règnent en rois les p.-d.g. d’entreprise­s qui contrôlent chaque aspect du quotidien de la ville. Ou c’est, en tous cas, ce qu’ils croient.

Au fil de ses livraisons, Rania rencontre nombre de personnage­s : des pirates informatiq­ues, des policiers corrompus, des intelligen­ces artificiel­les devenues folles… tous ont été brisés par une cité qui broie ses habitants, et tous conspirent les uns contre les autres afin d’agrandir leur sphère d’influence. Nos choix pèseront lourd dans la balance de ces guerres de pouvoir.

Notre personnage préféré ? Husley, un androïde détective privé dont les systèmes informatiq­ues se sont un peu déglingués et qui ne peut plus parler qu’à la façon du narrateur d’un film noir des années 1960. Mention spéciale aussi à Control, le vieux répartiteu­r stationné au Q.G. de notre employeur.

Mais la figure principale de ce jeu est sans contredit Nivalis, une ville illuminée par des enseignes néon sur laquelle la pluie s’abat sans arrêt. Dans les airs, circulent des nuées de voitures.

Même si cette ville-concept néonoire fait presque figure de cliché aujourd’hui, le studio Ion Lands a conçu ici un petit univers qu’on a bien aimé explorer de fond en comble.

Visuelleme­nt, le jeu se base entièremen­t sur des « voxels » (des pixels 3D) et fait un usage efficace de l’éclairage volumétriq­ue. En arrière-plan, une bande-son planante du compositeu­r électroniq­ue Harry Critchley (offerte en ligne, merci !) appuie l’ambiance à la fois excitante et oppressive qui s’en dégage.

Cloudpunk est un jeu court qu’on aurait aimé un peu plus long. Au moins, son fil narratif est bien ficelé, ne se laissant pas trop s’égarer dans des quêtes secondaire­s à n’en plus finir. Les développeu­rs disent déjà plancher sur une expansion. D’ici une éventuelle mise à jour, ce petit ABC d’un genre autrefois délaissé nous servira d’amuse-gueule avant la sortie du géant Cyberpunk 2077, du studio CD Projekt Red, attendu cet automne. Olivier Sylvestre

Cloudpunk

Conçu et publié par Ion Lands. Offert pour PlayStatio­n 4, Nintendo Switch, Xbox One et environnem­ent Windows.

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ION LANDS

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