SUR VOS ÉCRANS – FEMMES DE FICTION
Infidélités funestes
Quinze ans après ses Beautés désespérées, le scénariste Mark Cherry a renoué avec des héroïnes de la classe moyenne supérieure (après un détour du côté de la classe ouvrière latino dans Devicious Maids) pour cette autre comédie dramatique aux accents « savonneux », mais qui emprunte le canevas de la série d’anthologie. Beautés meurtrières (Why Women Kill en version originale) suit en parallèle trois femmes qui ont vécu à différentes époques dans la même résidence cossue de Pasadena et dont le destin est chamboulé par l’infidélité de leur époux, qui mènera à la mort de ceux-ci.
On reconnaît tout de suite la griffe truculente de l’auteur des chroniques de Wisteria Lane avec cette nouvelle galerie de personnages de femmes aux contours caricaturaux : l’épouse modèle de 1963 (Ginnifer Goodwin), soumise et fragile, trompée par son mari parfait, qui se lie d’amitié avec la maîtresse de celui-ci, la mondaine superficielle et égocentrique (Lucy Liu) de 1984 qui découvre que son riche galeriste de mari est homosexuel, et la brillante avocate militante et bisexuelle d’aujourd’hui (Kirby Howell-Baptiste), en relation ouverte avec son époux, un scénariste dans un creux de vague, qui n’apprécie pas que ce dernier s’intéresse un peu trop à sa nouvelle fréquentation féminine.
Dès le premier épisode, les masques tombent et laissent deviner que le pire arrivera. Reste à savoir comment et par qui. Cherry tricote ses intrigues avec la touche truculente et kitsch qui a fait le charme de son premier succès, mais la recette fonctionne moins bien dans cette production qui se veut plus grinçante et « engagée » en abordant des enjeux sociaux qui ont marqué l’histoire récente des femmes (l’avortement, le sida, la fameuse « charge mentale »), mais qui patauge tout de même dans une mer de clichés qu’on aurait aimés un peu plus fins. Cela dit, malgré ces faiblesses, on se laisse tout de même prendre au jeu des trahisons, vengeances et revirements improbables de ces histoires conjugales fatales, et on a hâte de connaître la suite. Un plaisir coupable printanier…
Beautés meurtrières
ICI Radio-Canada, mardi, 20 h et Tou.tv Extra
Tout léger…
La télévision de confinement est pour beaucoup faite de plaisirs coupables. Cette adaptation d’une série de romans à succès de l’Espagnole Elisabet Benavent, qui raconte façon
chick-lit les tribulations amoureuses, professionnelles et amicales d’une autrice madrilène en panne d’inspiration et dont le couple l’est tout autant, et celles de ses trois meilleures amies, peut très bien s’ajouter à cette vaste catégorie. La prémisse de cette comédie, qui vient grossir le contingent de séries espagnoles produites par Netflix, fait penser à une tonne de productions du genre, dont certaines elles-mêmes tirées de livres à succès (Bridget Jones, Sex and the City) et la bande-annonce laisse croire qu’on ne s’en éloigne pas trop, ni dans la forme ni dans le contenu, mais dans une autre langue.
Valeria
Netflix, vendredi
Natalie par les siens
Le destin de l’actrice Natalie Wood fut digne d’un roman, épique, foisonnant et tragique. Une carrière cinématographique très précoce dans le Hollywood des studios, des relations amoureuses tumultueuses parfois scandaleuses, dont deux mariages avec le même époux, des rôles inoubliables et d’autres qui le furent moins, et une mort dont les circonstances restent nébuleuses près de 40 ans plus tard.
Ce portrait de sa vie personnelle et professionnelle à travers les témoignages de ses amis proches (Mia Farrow, Robert Redford), mais surtout de sa famille, dont sa fille aînée Natacha Gregson Wagner, qui agit à titre d’animatrice du documentaire, et son veuf, Robert Wagner, n’offre pas réponses à cet égard. Cette biographie autorisée et alimentée par la famille est toutefois généreuse d’archives personnelles qui montrent une femme simple, épanouie, accomplie, qui mène une vie « équilibrée » pour une star hollywoodienne.
Sans toutefois évacuer des aspects plus sombres de son existence, mais pas tous… Comme ce viol dont elle a été victime à 15 ans, et qui aurait été commis par une star influente, jamais évoqué. De nombreuses entrevues accordées tout au long de sa carrière et les extraits des oeuvres où elle a brillé la font revivre pour quelques instants et méritent à eux seuls le détour, pour ceux qui l’ont beaucoup aimé, et ceux qui souhaitent la découvrir.
Natalie Wood : What Remains Behind HBO et Crave, mardi, 21 h