Le Devoir

Toutes des Betty

Crystal Moselle rameute la bande de Skate Kitchen dans une vibrante minisérie

- CRITIQUE LOUISE-MAUDE RIOUX SOUCY

Dans la minisérie Betty, on renoue avec les skateuses dégourdies du film

Skate Kitchen. La bande rameutée par la cinéaste Crystal Moselle, enfant chérie du Festival de Sundance, où son documentai­re The Wolfpack avait été porté aux nues, a été télescopée sous les bons soins d’HBO. Destinés en premier lieu aux jeunes adultes (mais pas que), les six épisodes ultrasoign­és nous arrivent auréolés d’une profondeur que ce nouveau format sert avec autant d’à-propos que de subtilités.

Les éléments qui donnaient sa magie au film sont encore présents : ses images frondeuses, son casting troublant de réalisme, sa langue qui claque. S’ajoute une curiosité croissante pour les remous intérieurs des filles, en minorité dans les skateparks où les gars les apostrophe­nt parfois avec un « Betty » bien senti pour les recaler (et dont elles se fichent éperdument). La rue new-yorkaise reste un personnage haut en couleur, mais elle n’a plus le dernier mot. Les émois des filles sont décortiqué­s avec une finesse, voire une lenteur, qui insuffle une nouvelle souplesse à l’ensemble.

Le clan lui-même apparaît plus complexe, non pas moins soudé, mais assurément plus hétérogène, sans cesse en adaptation. Collée au groupe, la caméra de Moselle virevolte avec une intensité qui épouse chaque figure ; on sent le vent, la moiteur de la ville, son pouls battant. À ses côtés à l’écriture, Lesley Arfin (qui a travaillé sur Love avec Apatow) tisse une toile d’une authentici­té confondant­e, au point où l’on a parfois le sentiment de replonger du côté du documentai­re dont la fiction tire son énergie brute, vitale.

Betty

Super Écrans, dès mardi, aussi en V.O.A. sur Crave et HBO, depuis le 1er mai

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