DÉPISTAGE
Tester, tester, tester
Les Québécois auront beau respecter à la lettre les consignes pendant la première phase du déconfinement, ils devront demeurer hypervigilants aux moindres symptômes de la maladie.
« S’il y a quelque chose de positif à travers toute cette pandémie, c’est que la population est mieux informée. Si quelqu’un ressent des symptômes, que ce soit de la toux, de la fièvre ou des difficultés respiratoires, bien je pense qu’on sait tous qu’on doit se mettre en quarantaine. Il y a à peine deux mois, ce n’était pas acquis », souligne Luc Bonneville.
Pour suivre l’évolution du virus, les rendez-vous dans une clinique de dépistage devraient, selon plusieurs experts, être aussi accessibles qu’une visite chez le dentiste ou tout autre spécialiste.
« Dans un monde idéal, il faudrait être capable de tester les 8,5 millions des Québécois que nous sommes pour avoir la courbe la plus juste, mais c’est impossible, personne n’a cette capacitélà », indique Christian Rochefort, professeur de sciences infirmières à l’Université de Sherbrooke.
Il faudrait donc s’attendre à ce que le Québec soit en mesure d’échantillonner le maximum de gens chez qui la maladie est le plus susceptible d’être présente.
« Il fut un temps où il y avait des tentes pour tester les gens à la Place des Arts à Montréal, on pouvait même s’y rendre en voiture », rappelle M. Rochefort. « Plus les tests seront disponibles pour le plus grand nombre, plus on aura un portrait juste de la situation », explique-t-il.
« Bien entendu [on va] tester, tester, tester la population pour voir comment le virus se propage, probablement, même, des personnes qui sont asymptomatiques. Il va y avoir des échantillonnages qui vont être faits », a assuré le Dr Arruda.
Au Québec, le nombre de tests a rapidement stagné, si bien qu’il a fallu restreindre les dépistages aux travailleurs de la santé et aux patients des CHSLD.
Le gouvernement a répété durant plusieurs semaines être en mesure d’effectuer 6000 tests par jour. Cependant, le nombre de résultats dévoilés quotidiennement tournait plutôt autour de 5000.
« Pour s’assurer de contrôler l’épidémie, il va falloir augmenter la capacité de pouvoir tester les gens, et pas seulement ceux qui ont des symptômes, mais aussi les personnes qui sont asymptomatiques », plaide Luc Bonneville.
Conscient des inquiétudes des Québécois par rapport au déconfinement, le premier ministre Legault a voulu se faire rassurant sur la capacité de dépister massivement. « L’Organisation mondiale de la santé pose six conditions qu’on suit de très près [dont] être capable de faire assez de tests, a-t-il reconnu. Là, on est à 6000 tests […] On va passer à 14 500 tests par jour. »
Le premier ministre a également insisté sur le respect des six conditions formulées par l’OMS d’ici les dates prévues pour la réouverture des écoles et des commerces.
« Les commerces, on prévoit [de les] rouvrir le 11 mai et les écoles le 19 mai […]. Le “go”, puis je ne ferai pas de jeux de mots, va être donné seulement si toutes les conditions sont remplies avant ces dates-là, puis les conditions sont les mêmes à peu près partout dans le monde », a assuré M. Legault.
Vendredi, le Dr Arruda a annoncé la reprise dès lundi du dépistage massif. Toute personne ayant des symptômes pourra être testée, même si elle ne travaille pas dans le réseau de la santé.