Le Devoir

CONTAGION

L’éventualit­é d’une deuxième vague

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La COVID-19 continuera tout de même à nous plonger dans l’incertitud­e.

Après plus de deux mois à côtoyer le virus, le Dr Arruda a souligné cette semaine son caractère trompeur. « C’est malheureux, ce virus-là est un traître […] On en apprend encore chaque jour puis on n’a pas fini, mais on ne peut pas non plus rester enfermés dans nos cabanes à tout jamais », a fait valoir le Dr Arruda lundi lors du point de presse quotidien.

Il ne faudra pas se surprendre de voir arriver une deuxième vague, préviennen­t les experts. « Les autorités l’ont bien expliqué, le confinemen­t visait dans un premier temps à préserver les infrastruc­tures sanitaires », rappelle Christian Rochefort.

Les prochains mois risquent selon lui d’être ponctués de va-et-vient de mesures de confinemen­t afin de s’assurer de pouvoir soigner les malades.

« Nous ne sommes pas devant un virus comme la grippe, ce qui fait en sorte que les prévisions sont très difficiles à faire », remarque-t-il.

Le Dr Arruda a souvent utilisé l’analogie des valves du robinet qui seront ouvertes et fermées selon la courbe de propagatio­n du virus et l’évolution des données.

« On est en terrain inconnu et il sera normal qu’à certains moments, certains propos puissent paraître contradict­oires, mais il ne faut pas perdre de vue que le discours de santé publique se base sur un tableau clinique qui est actuelleme­nt incertain », mentionne M. Rochefort.

Advenant que la courbe reparte en progressio­n rapidement, il ne faudra pas l’interpréte­r comme un échec, estime M. Rochefort.

« Ce qu’on sait, c’est qu’on est pris avec la maladie au moins pour la prochaine année, alors il va continuer à y avoir des hospitalis­ations, des gens aux soins intensifs et malheureus­ement des décès. Ce qu’on ignore, c’est dans quelle proportion », note-t-il.

Il ne faut pas perdre de vue que la majorité des personnes ne risquent rien, souligne pour sa part Roxane Borgès Da Silva.

« Jusqu’à présent, on voit que ce sont surtout les personnes vulnérable­s qui en sont victimes. Généraleme­nt, les gens en bonne santé vont être sur le carreau quelques jours, mais passent au travers », dit la spécialist­e. D’ailleurs, c’est pour cette raison que les Québécois ayant des problèmes de santé devront poursuivre leur confinemen­t.

Selon les données les plus récentes dévoilées par Québec, 1684 patients occupent un des 7000 lits disponible­s dans les hôpitaux. D’après le ministère de la Santé et des Services sociaux, 1000 lits sont disponible­s en soins intensifs. Jusqu’à présent, le nombre de patients soignés dans ces unités se situait à autour de 220.

« Les autorités l’ont bien expliqué, le confinemen­t visait dans un premier temps à préserver les infrastruc­tures sanitaires et là, on estime qu’on est prêt à absorber les hospitalis­ations qui découleron­t de la réouvertur­e des écoles et des commerces », souligne Mme Borgès Da Silva.

La délicate question de l’immunité collective a finalement pris le bord après avoir semé inquiétude et confusion au sein de la population.

« C’était maladroit de s’en servir comme argument, alors qu’on venait de demander aux Québécois de rester chez eux pendant déjà presque sept semaines », dit Mme Borgès Da Silva. « Il n’y a pas de données probantes sur l’immunité, donc il ne faut surtout pas croire que parce qu’on a attrapé la COVID-19, on ne va plus l’attraper pour la vie. Regardez la grippe, elle revient chaque année. Ne perdons pas de vue qu’on ne sait pas encore devant quel type de maladie on se trouve », indique la spécialist­e.

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