Washington se retire d’un important traité de sécurité
Ce traité permet aux 34 pays signataires de survoler leurs territoires respectifs pour vérifier leurs mouvements militaires
Le président américain a annoncé jeudi le retrait des États-Unis du traité Ciel ouvert (Open Skies en anglais) qui permet de vérifier les mouvements militaires et les mesures de limitation des armements des pays signataires, accusant la Russie de le violer. C’est le troisième accord international dont le locataire de la Maison-Blanche décide de retirer les États-Unis, après le traité sur le programme nucléaire iranien, dénoncé en 2018 et le traité INF sur les missiles terrestres de moyenne portée, abandonné en 2019.
Le traité Ciel ouvert, entré en vigueur en 2002, permet aux 34 pays signataires de survoler leurs territoires respectifs pour vérifier leurs mouvements militaires et les mesures de contrôle des armements des uns et des autres.
« La Russie n’a pas respecté le traité », a déclaré le président américain à la presse dans les jardins de la Maison-Blanche. « Donc, tant qu’ils ne le respecteront pas, nous nous retirerons », a-t-il ajouté, confirmant ainsi des informations du New York Times.
M. Trump n’a pas fermé la porte à une renégociation de ce traité. « Je pense que ce qui va se passer, c’est que nous allons nous retirer et ils vont revenir et demander à négocier un accord », a-t-il dit. Dans un communiqué, le chef de la diplomatie, Mike Pompeo, a précisé que Washington informerait officiellement les signataires du traité de leur décision vendredi, ce qui ouvrira une période de six mois avant le retrait définitif des États-Unis de cet accord.
Moscou dénonce
Moscou a déploré la décision américaine. « Le retrait des États-Unis de ce traité signifie non seulement un coup porté au fondement de la sécurité européenne, mais aussi aux instruments de la sécurité militaire existants et aux intérêts essentiels de sécurité des alliés mêmes des États-Unis », a déclaré le viceministre russe des Affaires étrangères, Alexandre Grouchko, cité par les agences russes. « Rien n’empêchait de continuer à discuter de ces questions techniques que les États-Unis présentent aujourd’hui comme de prétendues violations de la part de la Russie », a-t-il ajouté, accusant Washington d’avoir sabordé l’« instrument qui a servi les intérêts du maintien de la paix et de la sécurité en Europe au cours des 20 dernières années ».
Parmi les violations dénoncées par Washington, un porte-parole du Pentagone, Jonathan Hoffman, a cité une interdiction aux avions alliés de s’approcher de plus de 500 km de l’enclave russe de Kaliningrad, située entre la Lituanie et la Pologne, et de dépasser de 10 km la frontière entre la Russie et la Géorgie. « Nous remplissons nos obligations prévues par le traité, mais en cette époque de concurrence entre grandes puissances, nous cherchons à obtenir des accords qui bénéficient à toutes les parties et dont tous les signataires respectent leurs obligations », a ajouté M. Hoffman au cours d’un point de presse.
Rencontre prochaine
L’OTAN, dont les États membres sont signataires du traité Open Skies, tiendra vendredi une réunion d’urgence sur ce sujet.
De son côté, l’émissaire américain pour les négociations sur le contrôle des armements a indiqué qu’il allait rencontrer prochainement son homologue russe, le vice-ministre des Affaires étrangères
Je pense que ce qui va se passer, c’est que nous allons nous retirer et ils vont revenir et demander
à négocier un accord DONALD TRUMP »
Sergueï Riabkov, pour discuter notamment de l’inclusion de la Chine dans les prochaines négociations de désarmement, une demande de longue date du gouvernement américain. La date n’a pas été fixée, mais « nous avons déjà décidé du lieu », a-t-il précisé.
Le gouvernement américain n’a pour le moment pris aucun engagement de renouveler le traité russoaméricain New Start conclu en 2010, qui vient à expiration début 2021 et qui est considéré comme le dernier accord nucléaire encore en vigueur, contenant les arsenaux des deux pays en dessous de leurs sommets de la guerre froide.
L’opposition démocrate a dénoncé « une gifle pour nos alliés en Europe ». « Cette décision affaiblit notre sécurité nationale, isole les États-Unis puisque le traité va se poursuivre sans nous et abandonne un outil utile pour surveiller la Russie », ont ajouté deux élus influents responsables du budget de la Défense, Adam Smith et Jim Cooper dans un communiqué commun.
L’avenir du traité russo-américain New Start, qui vient à expiration début 2021, est également en question. Il s’agit du dernier accord nucléaire encore en vigueur entre les deux puissances.