Le Devoir

« Les plantes se foutent de la COVID-19 »

Le directeur du Festival internatio­nal de jardins attend un message clair de Québec pour présenter son événement atypique et tenter de sauver la saison des Jardins de Métis

- FABIEN DEGLISE À MÉTIS-SUR-MER

Apparaîtra ou apparaîtra pas ? À la veille d’une prochaine saison touristiqu­e, en format déconfinem­ent, le directeur du Festival internatio­nal de jardins, Alexander Reford, s’inquiète de ne pas pouvoir livrer la 21e édition de son événement estival qui se tient annuelleme­nt aux Jardins de Métis dans la région touristiqu­e de la Gaspésie, et ce, en raison de l’annulation de l’ensemble des festivals du Québec jusqu’à la fin août pour cause de pandémie de COVID-19.

Il appelle d’ailleurs Québec à lever rapidement l’incertitud­e sur son événement atypique qui présente des espaces aménagés et paysagers pour contemplat­ion, seul ou en petit groupe, loin des rassemblem­ents de masse proscrits par les autorités sanitaires.

« C’est un casse-tête pour nous », assure M. Reford, rencontré à deux mètres de distance cette semaine aux Jardins de Métis, qui se préparent à ouvrir leurs portes au public dès que le gouverneme­nt aura donné son feu vert à la saison touristiqu­e 2020. Ce haut lieu régional d’histoire et d’horticultu­re héberge la manifestat­ion artistique versée dans l’art des jardins. « Légalement, en raison de sa dénominati­on, le Festival est assujetti à la directive demandant l’annulation des festivals et événements prévus cet été. Dans ce contexte, nous ne savons pas ce qu’il va être possible de faire, mais nous devons malgré tout commencer à planifier les jardins du festival de cette

Nous ne savons pas ce qu’il va être possible de faire, mais nous devons malgré tout commencer à planifier »

les jardins du Festival ALEXANDER REFORD

année et à entretenir ceux des années précédente­s. »

Depuis plus de 20 ans, les Jardins de Métis ont ainsi invité 200 créateurs et artistes du monde entier à concevoir dans ce coin du Québec, au bord du Saint-Laurent maritime, une centaine de jardins contempora­ins alliant installati­ons artistique­s et horticultu­re. Ces oeuvres éphémères et saisonnièr­es sont souvent interactiv­es et se dévoilent aux visiteurs dans une certaine intimité, de l’intérieur.

Au total, six nouveaux jardins du genre doivent faire leur apparition cette année pour être présentés aux côtés des 19 installati­ons issues des éditions précédente­s et conservées jusqu’à aujourd’hui.

« Nous ne voulons pas être le seul festival au Québec cette année. Cela ne serait pas très bien vu, dit M. Reford. Or, le ministère du Tourisme n’a pas été généreux en termes d’informatio­n jusqu’à maintenant [sur la façon de s’adapter au temps de la COVID19]. Et on attend toujours les directives à suivre. »

Selon lui, l’incertitud­e n’est pas compatible avec des jardins et des oeuvres d’art utilisant les plantes vertes et les fleurs qui ont besoin de temps, de planificat­ion et d’entretien quotidien pour assurer leur croissance dans la courte période estivale qui prévaut dans cette région. « Les plantes se foutent de la COVID-19, dit le directeur du Festival et grand patron des Jardins de Métis. Il y a des temps à suivre, un patrimoine horticole à respecter, et c’est ce que nous avons décidé de faire en prenant la décision de créer malgré tout ces jardins contempora­ins sans savoir si nous allions pouvoir les présenter. »

Une adaptation jugée réaliste

Le 10 avril dernier, au coeur de la pandémie, Québec a demandé l’annulation de tous les festivals « ainsi que des événements culturels intérieurs et extérieurs prévus sur le territoire québécois pour la période allant jusqu’au 31 août 2020 ». Or, pour M. Reford, son festival pourrait facilement être présenté cette année en scénarisan­t différemme­nt la fréquentat­ion des oeuvres pour l’adapter à la nouvelle réalité sanitaire. « Nous pouvons mettre en place des mesures de protection, enlever l’interactiv­ité avec les oeuvres et les offrir dans un mode plus contemplat­if. » Il ajoute : « Quoi de mieux que de visiter un jardin pour se déconfiner ? Les Jardins de Métis [qu’il espère pouvoir ouvrir au public le 19 juin prochain] peuvent être une source de réconfort dans le contexte actuel. Et la beauté des jardins contempora­ins qui composent le Festival peut également contribuer à un peu d’apaisement. »

Joint par Le Devoir, le ministère du Tourisme n’a pas souhaité se prononcer sur la tenue de la 21e édition de ce festival en art des jardins cette année, renvoyant la balle aux autorités sanitaires qui, elles, n’ont pas répondu.

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Depuis plus de 20 ans, les Jardins de Métis ont invité 200 créateurs et artistes du monde entier à concevoir une centaine de jardins contempora­ins alliant installati­ons artistique­s et horticultu­re.
JARDINS DE MÉTIS CORONAVIRU­S Depuis plus de 20 ans, les Jardins de Métis ont invité 200 créateurs et artistes du monde entier à concevoir une centaine de jardins contempora­ins alliant installati­ons artistique­s et horticultu­re.

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