Au tour des musées et des bibliothèques
Québec poursuit son plan de déconfinement en autorisant le redémarrage partiel de l’industrie culturelle
Après les commerces, les parcs ou les salons de coiffure, le déconfinement graduel du Québec touche maintenant une partie du secteur culturel. Le gouvernement Legault a notamment donné vendredi le feu vert à la réouverture des musées, des bibliothèques et des cinéparcs à travers la province.
À compter du 29 mai, différents établissements pourront ainsi rouvrir leurs portes au public — mais avec des règles à suivre qui vont passablement modifier l’expérience des visiteurs, a annoncé la ministre de la Culture, Nathalie Roy, lors du point de presse quotidien du gouvernement.
Tous les établissements visés par ce volet du plan de déconfinement devront suivre les règles sanitaires contenues dans un guide préparé spécialement par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).
Dans le cas des bibliothèques, il ne sera ainsi pas possible de circuler dans les rayons ou de lire à une table. Seuls les services de prêts de livres et de documents seront disponibles. Pour les musées, le guide recommande par exemple un sens de circulation unique et une limitation de la capacité maximale d’accueil.
La ministre Roy a également annoncé la reprise des activités dans les studios d’enregistrement musicaux et sonores, de même que pour la captation de spectacles (sans public…). Là aussi, le tout est conditionnel au respect des directives de santé publique.
Soulagement
Le p.-d.g. de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), JeanLouis Roy, s’est réjoui de l’annonce de vendredi. Les activités d’Archives nationales et de BAnQ Rosemont–LaPetite-Patrie pourront reprendre assez rapidement, a-t-il dit. « Mais là où ce sera un peu plus compliqué, c’est pour la Grande Bibliothèque. »
Celle-ci accueille habituellement jusqu’à 7500 personnes par jour, « qui circulaient un peu partout. Ça, c’est terminé, les gens vont devoir commander leurs ouvrages, on va préparer leur commande, et ils vont venir la chercher » à des comptoirs de prêts qui seront situés dans le grand hall.
La Grande Bibliothèque, dont le hall sert présentement de gîte de jour pour la population itinérante de Montréal, ne pourra rouvrir ses portes avant le 2 juillet, prévoit-on.
La directrice du Musée des beauxarts de Montréal, Nathalie Bondil, et son homologue du Musée d’art contemporain de Montréal, John Zeppetelli, étaient aussi fort heureux de la relance de leur secteur. Les deux musées visent une réouverture en juin, le temps de mettre en place les mesures exigées.
« C’est une nouvelle pleine d’espoir, et tout le milieu culturel en avait besoin », estime Mme Bondil.
« On attendait ça avec impatience », ajoute M. Zeppetelli. Mais là comme ailleurs, la relance en format réduit aura des impacts financiers qui vont complexifier les opérations, signale-t-on. « Les conséquences d’un achalandage réduit sont importantes », dit Nathalie Bondil.
Enregistrement
La reprise des enregistrements a également été bien accueillie par l’Association québécoise de l’industrie du disque, du spectacle et de la vidéo (ADISQ).
« Les studios de doublage ont déjà repris leurs activités depuis quelques semaines, nous étions d’avis que les studios d’enregistrement devaient [suivre] », dit la directrice générale, Solange Drouin.
La mesure concerne théoriquement le secteur théâtral. Mais la d.g. du Conseil québécois du théâtre, Sylvie Meste, se disait « très circonspecte » d’une annonce dont elle doute du réalisme.
« La captation d’un spectacle de théâtre, c’est un produit final, qui est abouti, fait-elle remarquer. Or, ça fait deux mois que les salles sont fermées. Il faut repenser les questions de distanciation, revoir les plateaux, les conceptions scéniques… Et quand la ministre parle de captation, elle pense à quoi comme rémunération, ou comme diffusion ? »
Québec solidaire a aussi émis des critiques sur le premier élément du plan de déconfinement du secteur culturel. « Si on autorise les gens à aller au musée, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas imaginer des spectacles avec public restreint ou en rotation », a soutenu la députée Catherine Dorion.