Le Devoir

Nouveau ravage au Jardin botanique

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C’était un des endroits parmi les plus charmants, les plus cachés, les plus paisibles, les plus sauvages et romantique­s du Jardin botanique. Un lieu où les Montréalai­s aimaient venir se réfugier, se recueillir même, loin du tapage de la ville.

Mais la très lourde politique d’aménagemen­t du Jardin depuis sa fusion avec la fumeuse entité dite « Espace pour la vie », voulue par le maire Coderre dans le but de faire du fabuleux jardin du frère Marie-Victorin un véritable parc d’attraction­s, animé et rentable, a eu raison de ce merveilleu­x coin de nature. Je veux croire qu’il ne s’agit pas là d’une première décision malheureus­e de la nouvelle administra­trice du lieu, Anne Charpentie­r, entrée en poste il y a un an, mais qu’elle est elle-même victime de l’obsession de rentabilit­é et d’attractivi­té voulue par Coderre et son acolyte directeur d’Espace pour la vie, Charles-Mathieu Brunelle.

Dès 2017, Pierre Bourque, exmaire de Montréal, ingénieur horticole de formation qui a dirigé le Jardin botanique, l’astronaute Julie Payette et le directeur en poste du jardin, Michel Labrecque, s’opposent à la restructur­ation des institutio­ns risquant de faire perdre son âme au grand jardin et constatent que « pire encore, le Jardin botanique est devenu une plateforme de spectacles, plutôt que d’axer ses efforts vers la poursuite de ses missions fondamenta­les qui ont été responsabl­es de son grand succès, c’est-à-dire l’éducation, la conservati­on et la recherche ».

Aujourd’hui, après la constructi­on peu flatteuse de l’Institut de recherche en biologie végétale de l’Université de Montréal, l’on continue à bétonner le parc avec l’énorme nouvelle structure de l’Insectariu­m et à détruire allègremen­t des milieux qui, au fil du temps, semblaient avoir été gracieusem­ent rendus à la nature. C’est inacceptab­le. Ne seraitil pas temps d’envisager la démission de Charles-Mathieu Brunelle, contre qui je me bats, en vain, depuis plus de dix ans pour qu’il installe sur son immense territoire fréquenté par des milliers de visiteurs chaque année un système de tri sélectif et de recyclage digne de ce nom ? Juste ça… Avez-vous vraiment dit « Espace pour la vie » ?

Denis Lavalou Montréal, le 19 mai 2020

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