Une application de suivi de contacts « intelligente et éthique »
Dans le cadre de la lutte contre la pandémie de COVID-19, comme près d’une centaine de pays à travers le monde, le Canada envisage l’utilisation d’une application de recherche de contacts.
L’équipe de Mila, l’Institut québécois d’intelligence artificielle à Montréal, développe une technologie « intelligente » qui irait au-delà des méthodes traditionnelles pour prédire un risque personnel de contagion. Mais pourquoi développer une telle application ? Quelles sont les conséquences pour les droits et les libertés fondamentales ? Est-ce un nouvel outil de surveillance de masse ? Ce sont des questions légitimes et il est essentiel d’y répondre et de lever les malentendus.
Tout d’abord, il n’existe pas de solution simple à la pandémie. Une bonne stratégie pour limiter la propagation du virus doit intégrer différents dispositifs. Un de ces dispositifs, combiné aux tests biologiques et aux mesures de distanciation physique, est le suivi de contacts grâce aux appareils mobiles personnels.
L’approche de Mila se distingue par la philosophie qui anime le projet, les buts et les moyens utilisés pour les atteindre. Avec cette application, l’idée est d’aider les citoyens à être les acteurs de leur propre santé et de celle de leurs proches, et d’accroître leurs capacités à se protéger contre le virus. L’application a ainsi pour but de fournir une information pertinente à ses utilisateurs, d’améliorer leur connaissance des risques d’infection et de formuler des recommandations ciblées. Grâce à sa capacité prédictive, elle permet d’avertir les utilisateurs potentiellement infectés avant même qu’ils développent des symptômes de la maladie, au moment où ils sont justement les plus contagieux sans le savoir. L’application permet également d’informer les autorités publiques de la santé de l’évolution de la pandémie avec des données épidémiologiques complémentaires, permettant de voir venir des flambées du virus.
Mais, nous le savons, les dispositifs technologiques ne sont pas neutres. C’est pourquoi il est crucial de prendre en considération les principes éthiques et les valeurs démocratiques dès la conception des systèmes d’IA afin de déterminer leur utilisation légitime. Les chercheurs de Mila ont contribué à la Déclaration de Montréal pour un développement responsable de l’IA (2018), dont les principes constituent des balises éthiques pour la conception de l’application.
En outre, le développement de cette application se fait dans le cadre plus général de la Charte canadienne du numérique (2019) et respecte scrupuleusement la Charte canadienne des droits et libertés (1982). L’application
Grâce à sa capacité prédictive, l’application permet d’avertir les utilisateurs potentiellement infectés avant même qu’ils développent des symptômes de la maladie, au moment où ils sont justement les plus contagieux sans le savoir respecte aussi les principes énoncés dans Déclaration commune des gardiens du droit à la vie privée sur les applications de recherche de contacts exposés à la COVID-19 du 7 mai 2020.
Mais, concrètement, comment l’application fonctionne-t-elle ? En croisant de multiples indicateurs sur l’état de santé des utilisateurs, leurs caractéristiques personnelles et leurs interactions avec d’autres usagers, l’algorithme de l’application déterminera la probabilité d’être porteur du virus. L’information transmise traduira la probabilité d’infection en recommandations personnalisées. Les utilisateurs recevront des notifications leur suggérant d’éviter de sortir dans des lieux publics, de garder plus de distance, ou encore de consulter pour se faire dépister.
Encourager et non contraindre
Dans le respect du principe d’autonomie et des libertés fondamentales, l’application encourage les utilisateurs à poser les bons gestes, mais ne les y contraint pas et ne peut les surveiller parce que les données les plus sensibles restent sur l’appareil. Par ailleurs, l’installation de l’application ne sera pas obligatoire, pas plus que son utilisation. Les utilisateurs devront exprimer leur consentement au moment de l’installation, mais aussi dans les différentes étapes du partage de leurs informations avec l’application.
Conformément aux principes éthiques et juridiques de protection de la vie