D’amour et d’amitié
Normal People dresse la sublime chronique d’un amour de jeunesse exceptionnel
Les romances adolescentes actuelles, même les plus réussies, lorgnent habituellement du côté de la comédie, de préférence légère. Normal People, une série en douze épisodes de BBC Three, s’aventure de façon très assumée du côté du drame, psychologique et social. Dans cette adaptation d’un roman à succès de Sally Rooney (qui a d’ailleurs cosigné le scénario), on suit sur plusieurs années l’histoire d’amour et d’amitié de deux adolescents surdoués d’une petite ville irlandaise, dont la trajectoire est influencée par leur statut social auprès de leurs pairs et leurs origines socio-économiques différentes.
Callum (Paul Mescal) et Marianne (Daisy Edgar-Jones) terminent leurs études secondaires lorsqu’ils entament une relation amoureuse charnelle, mais secrète. Parce que le premier, un jeune homme sportif, timide mais populaire, ne veut pas que l’on sache qu’il fréquente la fille « étrange » de l’école, victime d’intimidation. Les rôles seront inversés durant leur passage à l’université, compliquant cette relation à la fois fusionnelle, conflictuelle, souhaitée, mais sabotée plus d’une fois, en somme, impossible. Ou non…
Les scénaristes (Rooney et Alice Birch) sont restées fidèles au roman en transposant à l’écran la complexité de ces deux jeunes gens et de leur relation tout aussi tortueuse, cela, en dépeignant de façon réaliste mais emportée leur attirance sexuelle intarissable. L’ensemble est porté par la réalisation délicate, sobre, mais inspirée de Lenny Abrahamson (Room) et Hettie Macdonald (Dr Who), mais surtout par la performance époustouflante des deux acteurs principaux, qui donnent un supplément d’âme à leur personnage. Une bien belle série, à la fois tendre et dure, triste et lumineuse, qui reste en tête longtemps.
Normal People (V.O.A., s.-t.a. disponibles) CBC Gem, dès mercredi