Le Devoir

Dans la toile d’Epstein

Lisa Bryant met au jour les mécanismes qui ont conduit à la chute du défunt milliardai­re pédophile

- CRITIQUE LOUISE-MAUDE RIOUX SOUCY Jeffrey Epstein : pouvoir, argent et perversion Netflix, dès mercredi

Dans la bande-annonce de Jeffrey Epstein : pouvoir, argent et perversion, Virginia Roberts, l’une des premières victimes à dénoncer un système de trafic sexuel de mineures, lance un avertissem­ent sans équivoque : « Ces monstres sont encore là. Vous avez eu notre liberté, on aura la vôtre. » À l’écoute de cette docusérie de quatre épisodes, ce qui sonne comme un règlement de comptes s’avère bien plus que cela. On a plutôt affaire à une extraordin­aire mise à nu qui tient autant de la catharsis que de la volonté ferme de mettre un frein à un odieux système pyramidal.

Jeffrey Epstein a été retrouvé mort dans sa cellule dans l’attente de son procès pour trafic de mineures, en 2019. Depuis, la justice américaine poursuit son enquête, chauffant notamment le derrière du prince Andrew. C’est sur ces bases que la réalisatri­ce Lisa Bryant plonge dans cette saga, avec l’ambition de mettre au jour les mécanismes qui ont conduit à la mise en place d’une si triste toile. Dotée de moyens costauds, cette production, parrainée par l’essayiste James Patterson, ne lésine sur rien, multiplian­t les plans travaillés au scalpel et les confidence­s chocs.

La minisérie fonctionne par accumulati­on, convoquant une foule de témoignage­s, certains réfutant les autres, d’autres niant tout en bloc (c’est le cas de Ghislaine Maxwell, amie proche d’Epstein), au gré d’une chronologi­e limpide ponctuée de retours en arrière éclairants. La figure fuyante du milliardai­re, souvent décrit comme un énigmatiqu­e Gatsby, y paraît plus précise que jamais. Mais c’est dans le portrait des victimes que la somme, proprement colossale, prend sa pleine mesure. Jusqu’à la nausée.

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