Le Devoir

La vie commercial­e reprend finalement ses droits à Montréal

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Une file d’attente qui a découragé Catherine Fluet et ses amies, qui se dirigeaien­t déjà vers un autre magasin. Les quatre jeunes femmes dans la vingtaine sont infirmière­s. Originaire­s de Québec, elles sont venues prêter main-forte dans la métropole depuis début mai. « On avait pour une fois toutes les quatre congé en même temps et ça tombait avec la réouvertur­e des magasins. On s’est dit que c’était un signe », lance Catherine Fluet en riant derrière son masque chirurgica­l. Pour faire changement de leurs rencontres dans les parcs, elles ont préféré arpenter la rue Sainte-Catherine. « On avait hâte que ça rouvre, ça fait quand même deux mois que c’est fermé. En plus, on avait toutes une petite liste d’achats. J’avais par exemple besoin de quelques vêtements moins chauds maintenant que c’est l’été, et du linge de sport aussi, car je fais beaucoup d’exercice en ce moment », souligne-t-elle.

Des commerces transformé­s

Deux coins de rue plus loin, William Frenette et Alexander Soucy comparaien­t à vue d’oeil les longues files d’attente pour optimiser leur après-midi de magasinage. « On se disait bien que Sainte-Catherine serait bondée de monde, mais on pensait que ce serait mieux réparti dans les magasins », s’étonne Alexander Soucy, quelque peu déçu. Le jeune homme attendait la réouvertur­e des magasins à Montréal pour pouvoir s’acheter une nouvelle paire de souliers, quelques trous s’étant formés dans ceux qu’il portait aux pieds. « Ça ne me tentait pas de commander en ligne. J’aime ça voir, toucher, essayer avant d’acheter. Ce n’est vraiment pas pareil quand tu achètes sur Internet », explique-t-il.

À l’intérieur des commerces, l’expérience était elle aussi sans précédent. « Ça se passe bien. C’est sûr que les employés étaient un peu plus inquiets de travailler dans l’optique de la COVID, mais on a mis en place toutes les procédures de désinfecti­on habituelle­s : désinfecti­on des mains, trafic, distanciat­ion, etc. », a dit Marise Descôteaux, gérante du magasin Joubec, rue Fleury dans le quartier Ahuntsic. « On a installé des panneaux devant les caisses, les employés ont des masques s’ils veulent en porter. Les gens sont très respectueu­x. Ils entrent, se lavent les mains et la plupart d’entre eux ont des masques. »

S’il n’y avait pas de file d’attente à l’ouverture, « il y a toujours des clients », a dit Mme Descôteaux. « Ce n’est pas plusieurs à la fois. C’est bon, quand on ouvre, de ne pas en avoir trop en même temps, pour permettre la distanciat­ion et pour que ça se déroule doucement. » Ce qu’ils achètent ? « Principale­ment des choses pour s’occuper. Donc des jeux pour amuser les enfants et, pour les adultes c’est davantage des casse-tête. »

« Les gens sont excités d’être à l’extérieur de la maison, de rentrer au travail, de retrouver leurs amis au travail. En même temps, je trouve qu’ils sont stressés. Une employée a pris le métro pour venir et elle a trouvé ça difficile », a raconté Mariam Bowen, copropriét­aire du magasin Jet-Setter, sur le boulevard Saint-Laurent. L’employée s’est étonnée de voir autant de gens sans masque prendre le transport en commun. La boutique a suivi à la lettre les directives de la santé publique : affiches énumérant les consignes, table avec désinfecta­nt pour les mains, panneaux protecteur­s au comptoir, flèches au plancher. Les propriétai­res exigent que les clients portent un masque, mais peuvent en fournir au besoin. « Je pense que ça va très bien. Les gens sont heureux de sortir et de magasiner. » Les clients venus chez JetSetter lundi cherchaien­t notamment des objets du quotidien : chapeau, tasse à café, etc. Or à la base, Jet-Setter est une boutique de valises, de sacs et d’accessoire­s de circonstan­ce. L’avenir du tourisme est encore dans le brouillard. « À la longue, on verra ce qui se passe avec le domaine du voyage », dit Mariam Bowen.

Pour l’instant, près de 60 % des PME de la grande région de Montréal redoutent qu’une baisse de consommati­on de la population nuise davantage à leur situation financière, déjà fortement éprouvée par les deux mois de mesures de confinemen­t, selon le dernier sondage de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendan­te. Son vice-président pour le Québec, François Vincent, milite pour une aide directe aux commerçant­s afin de gérer les problèmes de paiement de loyer, mais aussi pour l’achat local. Il a pris le pont pour visiter le Quartier Dix30 et est sorti dans son propre quartier montréalai­s pour encourager sa fleuriste. « Soixante-trois jours sans pouvoir joindre facilement ses clients, c’est très, très long. »

On a installé des panneaux devant les caisses, les employés ont des masques s’ils veulent en porter. Les gens sont très respectueu­x. Ils entrent, se lavent les mains et la plupart d’entre eux ont des masques.

MARISE DESCÔTEAUX

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VALÉRIAN MAZATAUD LE DEVOIR Près de 60 % des PME de la grande région de Montréal redoutent qu’une baisse de consommati­on de la population nuise davantage à leur situation financière, selon le dernier sondage de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendan­te.

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