Le Devoir

Héma-Québec fera des tests sérologiqu­es

- ISABELLE PARÉ

Héma-Québec enclencher­a dès le mois de juin des tests sérologiqu­es auprès de 6000 à 7000 donneurs de sang québécois pour mesurer la part de la population déjà exposée au coronaviru­s. Un exercice de première importance pour mieux se préparer à la « deuxième vague » attendue d’ici l’automne.

L’organisme vient d’en recevoir le mandat par l’Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ), a indiqué lundi le Dr Marc Germain, viceprésid­ent aux affaires médicales et à l’innovation chez Héma-Québec

« Cela va nous permettre d’avoir une idée assez précise non seulement du pourcentag­e de personnes infectées, mais aussi de celles qui sont asymptomat­iques », a expliqué le porte-parole d’Héma-Québec.

Concrèteme­nt, les échantillo­ns de sang soumis aux tests sérologiqu­es de détection des anticorps au coronaviru­s — un signe qu’une personne a déjà été infectée par le SRAS-CoV-2 — seront prélevés lors des collectes de sang déjà prévues.

Les échantillo­ns testés se concentrer­ont surtout dans la grande région de Montréal, qui compte plus de la moitié des cas déclarés et 62 % des décès. Avec quelque 3000 dons de sang recueillis chaque semaine, il faudra tout au plus « quelques semaines » pour obtenir un nombre suffisant de tests permettant de procéder à une évaluation fiable du nombre de Québécois déjà infectés, avec une marge d’erreur oscillant entre 2 et 3 %, selon le Dr Germain.

Le nombre d’échantillo­ns nécessaire­s pourrait augmenter pour évaluer la prévalence de l’infection dans des groupes plus ciblés, comme les travailleu­rs de la santé ou les résidents de secteurs précis de la métropole, et il se poursuivra pendant des mois, sinon plus, pour suivre la progressio­n de l’infection dans la population.

« Je serais surpris que le taux de séropréval­ence dépasse 3 à 5 % de la population », affirme le Dr Germain, à la lumière des études effectuées aux Pays-Bas, où l’épidémie a suivi une courbe similaire à celle du Québec. Là-bas, le taux d’exposition au virus n’a pas dépassé 3 %, comme ce fut le cas au Danemark et en Suède.

« On va avoir un été très occupé, surtout les laboratoir­es qui ajouteront l’analyse de ces tests sérologiqu­es à la dizaine d’autres (VIH, hépatite B et C, etc.) auxquels est soumis chacun des dons de sang », ajoute-t-il.

Dans le comté californie­n de Los Angeles, le taux de séropréval­ence du coronaviru­s repéré lors de collectes de sang a atteint 4,6 %, selon une étude publiée le 18 mai dans le Journal of the American Medical Associatio­n. L’Institut Pasteur a lui mesuré un taux de 26 % dans la population d’un lycée d’une sous-région de l’Oise, la région la plus touchée de France par la COVID-19. Le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies aux États-Unis (CDC) vient quant à lui de lancer le dépistage aléatoire d’un échantillo­n de 325 000 personnes dans 25 métropoles, dont New York, Los Angeles, Seattle, San Francisco et Minneapoli­s.

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