Trudeau défend le recours des partis à la subvention salariale
Malgré le tollé provoqué par la nouvelle, Justin Trudeau ne s’excuse pas de voir le Parti libéral réclamer la Subvention salariale fédérale pour payer ses employés pendant la pandémie. Mais le recours au programme d’aide a beau être populaire chez les partis politiques à Ottawa, l’idée ne s’est pas pour autant propagée sur la scène provinciale, où seul le Parti québécois songe à s’en prévaloir.
Le Parti libéral, le Parti conservateur, le Nouveau Parti démocratique et le Parti vert ont révélé vendredi avoir fait une demande pour avoir recours à la Subvention salariale. Les critiques se sont multipliées sur les médias sociaux.
Le chef du Bloc québécois, YvesFrançois Blanchet, a quant à lui jugé « inacceptable » de voir ses rivaux financer ainsi le salaire de leurs travailleurs partisans.
Le premier ministre libéral n’a cependant pas partagé ces reproches. « La réalité, c’est qu’il y a des travailleurs dans toutes sortes d’industries, dans toutes sortes d’organismes à travers le pays qui dépendent de l’emploi qu’ils ont pour pouvoir payer l’épicerie et le loyer. Et nous avons pris la décision d’assurer que la subvention salariale soit accessible aux entreprises et aux organismes sans but lucratif », a martelé M. Trudeau systématiquement en réponse aux six questions qui lui ont été posées sur le sujet lors de son point de presse.
Dans le camp conservateur, les deux meneurs de la course à la chefferie du parti, Erin O’Toole et Peter MacKay, se sont insurgés contre la demande faite par leur formation politique et ont pris l’engagement de rembourser la subvention s’ils sont élus chef.
M. Trudeau a été invité à se prononcer lui aussi, en tant que chef du
PLC, mais il a refusé de prendre un tel engagement.
Le Bloc québécois est le seul parti fédéral qui n’ait pas fait appel à la Subvention salariale. Et le chef, YvesFrançois Blanchet, ne s’est pas gêné pour accuser le PLC et le PCC de faire preuve d’une « horrible malhonnêteté » puisqu’ils ont chacun récolté quelques millions de dollars en dons pendant le premier trimestre de 2020 seulement et n’ont donc pas besoin d’aide à son avis pour payer leurs employés.
De son côté, Jagmeet Singh a plaidé qu’il valait mieux procéder ainsi plutôt que de congédier les travailleurs et de les forcer à demander la PCU. La subvention salariale est cependant plus généreuse, couvrant 75 % du salaire jusqu’à 847 $ par semaine contre 500 $ pour la PCU. Il a promis que le NPD verserait à ses employés la différence de 25 %.
À Québec, on s’abstient
Sur la scène politique québécoise, la Coalition avenir Québec, le Parti libéral du Québec et Québec solidaire ont indiqué au Devoir qu’ils n’ont pas demandé à toucher la Subvention salariale pour payer leurs équipes.
« La Coalition avenir Québec n’a fait aucune demande de subventions fédérales et n’a pas l’intention de s’en prévaloir », a rapporté sa directrice, Brigitte Legault. La CAQ compte 20 employés. Chez Québec solidaire, la porte-parole Élise Tanguay a fait valoir que les finances « sont saines » et qu’aucun des 20 employés n’a dû être licencié. Seul le PLQ a rapporté qu’un de ses 17 employés avait été mis à pied de façon temporaire, mais qu’il reprendrait ses fonctions mardi.
Le Parti québécois a été le seul à avouer qu’il envisage d’avoir recours au programme fédéral. « Nous n’avons pas fait de demande de Subvention salariale d’urgence pour le moment », a indiqué le porte-parole Lucas Medernach. « Nous évaluons présentement les paramètres du programme avec nos fiscalistes et nous n’excluons rien. »