Ventilateurs ou climatiseurs mobiles ?
La Santé publique ne sait quelles directives donner aux CHSLD pour conjuguer chaleur et prévention de la pandémie
Alors qu’une grande chaleur s’annonce pour les prochains jours, le flou persiste sur les mesures à déployer pour soulager les résidents des CHSLD. Sans directives claires de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), les gestionnaires des établissements sont laissés à eux-mêmes et devront gérer au cas par cas.
C’est en fin de journée, lundi, que l’INSPQ a finalement publié un « avis intérimaire » très attendu par les gestionnaires des CHSLD. Mais plutôt que de leur indiquer quoi faire pour soulager les résidents devant cette vague de chaleur hâtive, il leur laisse le soin de déterminer s’ils peuvent ou non utiliser des climatiseurs mobiles ou des ventilateurs sur pied dans leurs établissements. Aucune donnée spécifique n’existe quant à l’utilisation de ces appareils dans le contexte du coronavirus, souligne-t-on.
« En l’absence de données probantes et à la lumière de la littérature consultée, la décision d’utiliser ces appareils dans la chambre et dans une unité où des usagers suspectés ou confirmés être atteints de la COVID-19 sont hébergés doit être soumise localement à une évaluation du risque pour déterminer si les avantages dépassent les désavantages de l’utilisation de ces appareils », indique l’avis. « Les bénéfices du confort versus la sécurité des usagers et du personnel doivent être étroitement analysés », ajoute l’INSPQ.
L’INSPQ formule toutefois quelques recommandations, comme d’éviter que le flux d’air de ces appareils soit orienté vers le visage des usagers et d’arrêter les ventilateurs en cas d’intervention médicale ou lors de procédures stériles.
Durant la journée de lundi, plusieurs CHSLD du Québec avaient dit au
Devoir qu’ils attendaient impatiemment les directives pour savoir ce qu’il leur serait permis d’utiliser pour soulager les résidents de la chaleur intense qui s’annonce ces prochains jours.
D’autres CHSLD, notamment dans l’est de Montréal, disaient vouloir savoir s’il leur serait permis de déplacer les personnes âgées dans les aires communes qui sont climatisées. Car en ces temps de pandémie, où la distanciation est de mise, la chose pose problème. Au moins, 97 % des CHSLD seraient dotés de zones « où il y a plus de fraîcheur », selon ce qu’a déclaré le premier ministre François Legault en point de presse aujourd’hui.
Plan devancé
Québec prévoyait déjà équiper les CHSLD d’unités de climatisation supplémentaires, mais ce plan devait se déployer à compter du mois de juin seulement, a expliqué la ministre de la Santé, Danielle McCann. « On se fait un peu prendre avec une canicule au mois de mai, ce qui n’est pas très fréquent, mais on a un plan. […] On va le devancer. On va l’accélérer », a-t-elle dit.
Comme de nombreux CHSLD sont vétustes et que leurs systèmes électriques pourraient ne pas supporter de charge supplémentaire, Québec envisage de recourir à des génératrices afin d’alimenter des climatiseurs individuels installés aux fenêtres des chambres, a expliqué la ministre.
Mme McCann a aussi dit jongler avec la possibilité de créer des « zones de fraîcheur » distinctes pour les résidents ayant reçu des diagnostics positifs de COVID-19.
Le directeur national de santé publique, Horacio Arruda, a affirmé que des instructions seraient données aux autorités régionales du réseau de la santé « pour s’assurer que des patients ne souffrent pas de chaleur ».
« On va faire tout ce qui va être possible », a-t-il dit, en soulignant que d’autres solutions pourraient être mises en place pour soulager les aînés en période de canicule alors qu’il répondait à une question sur l’utilisation possible d’hôtels pour accueillir des personnes vulnérables ou âgées.
Aux frais des résidents
Au CIUSSS de l’Estrie, on précise que chacun des CHSLD du territoire a au moins un secteur climatisé, soit une aire commune ou un couloir. Toutefois, les résidents qui souhaiteraient avoir la climatisation dans leur chambre peuvent se doter de climatiseurs portatifs souvent achetés par des membres de leurs familles.
Or, c’est justement ce qu’a déploré ces derniers jours dans plusieurs médias le président du Conseil pour la protection des malades, Paul Brunet. Il trouve « insultant » que les familles aient à payer pour se rafraîchir et entend se tourner vers les tribunaux pour faire pression sur le gouvernement.
Pour l’heure, plusieurs gestionnaires d’établissements ont indiqué qu’ils allaient veiller à bien hydrater les résidents et avoir recours à des déshumidificateurs.