Le Devoir

Cri du coeur pour nos coeurs de villes et de villages

C’est dans nos rues principale­s que nous nous sentons faire partie d’une communauté

- Coalition Coeurs de villes et villages *

Nous avons besoin de nos coeurs de villes et de villages. Que nous vivions à Montréal, à Rivière-du-Loup ou à Coaticook, ils sont notre ancrage culturel, social et économique.

C’est dans nos rues principale­s que nous nous sentons faire partie d’une communauté. Nous connaisson­s leurs commerçant­s. Nous y voyons passer les saisons. Nous nous rencontron­s à leurs coins de rue et sur leurs parvis d’églises, que nous soyons actifs ou retraités, en famille ou isolés, et même riches ou pauvres.

C’est dans nos artères commercial­es, nos centres-villes et nos noyaux villageois que nous trouvons les commerces et les services utiles à notre quotidien. Proches et accessible­s, ils nous aident à alléger le bilan carbone de nos déplacemen­ts.

Nos municipali­tés ont besoin de leurs coeurs. Pour assurer leur vitalité : répondre aux besoins des ménages, attirer des visiteurs, renforcer l’emploi local. Pour équilibrer leur budget, grâce aux revenus de taxes élevés et aux infrastruc­tures optimisées. Pour rassembler et accueillir les événements, défis sportifs et festivals.

Le Québec a besoin de ses coeurs de villes et de villages. Ils sont notre identité, notre lieu d’accueil par excellence, notre carte de visite collective. C’est aussi là que se crée l’emploi, que se développe l’innovation, que s’assure la résilience.

Nous avons besoin, partout au Québec, de coeurs de villes et de villages vibrants et dynamiques.

Et aujourd’hui, plus que jamais, nos coeurs de villes et de villages ont besoin de nous.

Leur situation était déjà préoccupan­te avant la COVID-19 : perte d’animation, vacance, patrimoine en péril, concurrenc­e d’offres commercial­es… Plusieurs indicateur­s étaient au rouge avant même que la crise n’éclate.

Les coeurs de villes et de villages ont, depuis, payé cher la mise sur pause du Québec.

L’offre commercial­e de proximité a particuliè­rement souffert de la mise à l’arrêt des commerces « non essentiels ». Alors que plusieurs grandes surfaces pouvaient continuer de vendre des produits divers, les boutiques locales spécialisé­es sont demeurées fermées de longs mois, à une saison cruciale. Nombre de vélos, de barbecues et de jardinière­s ont été achetés en grande surface, plutôt que dans les rues principale­s, et cela ne se rattrapera pas.

Même si les commerçant­s ont fait de leur mieux pour prendre le virage du commerce en ligne, un certain retard technologi­que et la concurrenc­e déjà présente ont sans doute miné une partie des bonnes intentions des Québécois en faveur de l’achat local.

En temps normal, les travailleu­rs des centres-villes sont aussi des clients, tant pour les commerces alimentair­es que pour ceux de détail. La fermeture des lieux d’emploi a ainsi privé les commerces de proximité, et les privera encore longtemps, d’un achalandag­e essentiel.

Au sortir de la crise, les coeurs de villes et de villages pourraient encore subir les conséquenc­es de finances municipale­s mises à mal. Avec quel argent poursuivre l’embellisse­ment de l’espace public, le soutien aux événements locaux, l’appui aux acteurs sociaux, culturels et communauta­ires ?

Un plan de relance spécifique

Si nous ne voulons pas que nos coeurs de villes et de villages cessent complèteme­nt de battre, nous devons mettre sur pied, à l’échelle nationale, un plan spécifique, partie intégrante de la relance solidaire, prospère et verte prônée par le G15+.

Pour compenser les pertes subies par l’offre commercial­e de proximité, l’État doit soutenir les municipali­tés, qui pourront ainsi déterminer les mesures les plus appropriée­s à leur contexte.

Les campagnes gouverneme­ntales en faveur de l’achat local doivent promouvoir spécifique­ment les commerces de nos coeurs de villes et de villages. Dès aujourd’hui, achetons local dans nos rues principale­s.

Les acteurs publics devront montrer l’exemple par des politiques d’achats responsabl­es, remplaçant la règle du plus bas soumission­naire par la prise en compte des retombées complètes.

Pour redonner vie à nos coeurs de villes et de villages, il faut y réinvestir.

Donnons les moyens aux municipali­tés de se faire belles pour la visite, en requalifia­nt leurs artères commercial­es et leurs noyaux villageois. Soutenons davantage les activités et les événements culturels et lançons des campagnes de promotion touristiqu­e mettant en avant le coeur de nos collectivi­tés.

Nombre des bâtiments patrimonia­ux qui font la fierté des communauté­s sont situés dans leurs coeurs : les restaurer permettra de créer, partout au Québec, de l’emploi local.

Pour tout ce qui se construit de nouveau, privilégio­ns nos coeurs de villes et de villages, qu’il s’agisse de logements sociaux ou de services publics. Plusieurs emplacemen­ts névralgiqu­es y sont actuelleme­nt sous-utilisés.

Les municipali­tés, les acteurs locaux et les citoyens sont aux premières loges pour travailler à réanimer les coeurs de leurs collectivi­tés. Mais pour y parvenir, ils auront besoin du soutien financier, du leadership et de l’engagement de l’État, au moyen d’un plan d’action complet à court, à moyen et à long termes.

Leur situation était déjà préoccupan­te avant la COVID-19 : perte d’animation, vacance, patrimoine en péril, concurrenc­e d’offres commercial­es… Plusieurs indicateur­s étaient au rouge avant même que la crise n’éclate.

*Les membres de la Coalition Coeurs de villes et villages : Béatrice Alain, directrice générale, Chantier de l’économie sociale ; Jean-Pierre Bédard, président, Regroupeme­nt des sociétés de développem­ent commercial du Québec ; Renée Genest, directrice générale, Action patrimoine ; Jeanne Robin, directrice principale, Vivre en Ville ; Christian Savard, président exécutif de Rues principale­s ; Caroline Tessier, directrice générale, Associatio­n des sociétés de développem­ent commercial de Montréal.

Newspapers in French

Newspapers from Canada