Pour des chambres individuelles dans les CHSLD
C’est peut-être le moment de remettre en question les chambres partagées
Je suis architecte. Notre firme et moimême sommes fortement impliqués dans le milieu social et communautaire depuis plus de 40 ans. À titre personnel, je me suis aussi impliqué dans le réseau de santé en tant que président de conseil d’administration du CSSS Jeanne Mance (territoire du CentreSud et du Plateau Mont-Royal) et également président du Regroupement des établissements publics de santé et services sociaux de l’île de Montréal.
À juste titre, le gouvernement propose d’accélérer la construction des maisons des aînés pour offrir des milieux de vie plus sains, plus adaptés à la vie de leurs résidents et de leurs familles. En même temps, on souligne l’importance du maintien à domicile et le besoin de bonifier cette approche en incluant le soutien aux organismes d’économie sociale.
Mais que faire avec les CHSLD publics existants ? Une très grande proportion des résidents vivent dans des chambres partagées avec toilettes également partagées. Les résidents des CHSLD n’occupent pas une chambre à eux, ils occupent un lit. Bien sûr, la qualité de vie dans les CHSLD dépend beaucoup de la qualité et du nombre approprié des personnes qui s’occupent des résidents, cependant il ne faut pas oublier que la qualité des lieux a aussi beaucoup d’importance.
Les derniers centres hospitaliers universitaires construits au Québec ont introduit une avancée énorme dans la conception des soins : les chambres individuelles. Cette avancée a beaucoup d’avantages en matière de soins et de réduction des infections, sans oublier qu’elle préserve la dignité, l’intimité et le confort des patients et des visiteurs. Il faut adopter cette approche de chambres individuelles pour l’offre de soins dans les CHSLD existants. C’est peut-être le moment de remettre en question les chambres partagées dans nos CHSLD.
Il faut en même temps construire les nouvelles maisons pour aînés et transformer les CHSLD avec un taux de chambres individuelles à 100 % afin qu’ils soient de réels milieux de vie intéressants, attrayants et respectueux pour les personnes âgées. Les chambres individuelles deviendraient alors un « chez-soi », ce que les chambres partagées ne seront jamais. La transformation des CHSLD publics devra tenir compte du fait que certains d’entre eux sont des lieux importants du point de vue du patrimoine et de l’histoire de l’évolution des villes et des quartiers où ils sont situés.
Alors, que devons-nous faire ? Gérer évidemment la crise engendrée par le virus dans le réseau des CHSLD et les énormes défis du personnel soignant.
Développer, à moyen et à long terme, une vision pour les 20 prochaines années. Il faut faire aujourd’hui les gestes à court terme qui nous amèneront vers cet objectif, c’est-à-dire construire des maisons et concevoir des milieux de vie plus humains et respectueux tant envers les personnes âgées qui y résident qu’envers leurs familles et les soignants. Il faut peut-être construire les lieux plus adaptables et souples, mais prévoir aussi une organisation du travail plus souple et adaptable.
Développer un plan énergique pour l’élimination des chambres et des toilettes partagées d’ici dix ans dans le réseau de CHSLD existants et transformer ces résidences en vrais milieux de vie intéressants avec une réorganisation du travail qui reflète l’esprit des lieux puisque la rétention et l’intérêt des personnes soignantes ne sont pas liés uniquement au salaire.
Augmenter d’une manière substantielle les ressources en maintien à domicile et, en même temps, consolider le réseau en économie sociale qui offre des services pour les personnes âgées.