Le Devoir

Reconquête des terrasses et des plages en Europe

En Amérique du Sud, les ravages de la pandémie s’accentuent

- LAURENCE BOUTREUX À MADRID MICHEL MOUTOT À PARIS AGENCE FRANCE-PRESSE

Les Espagnols ont retrouvé lundi leurs plages, les Italiens leurs piscines : l’Europe poursuit son déconfinem­ent après des semaines de paralysie en raison du coronaviru­s, qui a fait 345 000 morts sur la planète et continue sa progressio­n, notamment en Amérique latine.

À Madrid, c’est une bouffée d’air : jusqu’alors toujours soumis à l’un des confinemen­ts les plus stricts du monde face à la pandémie partie de Chine fin 2019, les habitants de la capitale espagnole ont bénéficié d’un premier allègement, avec la réouvertur­e des terrasses des cafés, des restaurant­s et des espaces verts.

Dès l’aube, des centaines de Madrilènes ont pris d’assaut le parc du Retiro, dont les portes se sont ouvertes pour la première fois en dix semaines.

« La réouvertur­e du Retiro m’apporte une certaine sérénité, un certain réconfort », se réjouit Rosa San José, 50 ans, se promenant en tenue de sport, un masque blanc sur le visage.

Dans d’autres régions espagnoles — moins touchées et entrées lundi dans la deuxième phase du déconfinem­ent —, piscines et plages ont pu rouvrir, pas seulement pour les sportifs, mais pour tous les baigneurs, comme dans les archipels des Baléares et des Canaries ou une partie de l’Andalousie.

Les autorités recommande­nt cependant de limiter l’affluence sur les plages et d’espacer les parasols de quatre mètres.

Pendant que d’autres profitaien­t de l’allègement des mesures de confinemen­t, les employés du système de santé espagnol ont manifesté lundi devant plusieurs hôpitaux de Madrid pour obtenir plus de moyens dans cette région.

Infirmiers et médecins brandissai­ent des banderoles telles que : « Nous ne sommes ni des héros ni des kamikazes, nous avons besoin d’un vrai matériel de protection. »

Les soignants, qui se disent épuisés, se plaignent principale­ment du manque d’effectifs et de matériel de protection pour faire face à l’épidémie de COVID-19 qui a frappé tout particuliè­rement la capitale espagnole, où ont été enregistré­s un tiers des cas et des morts, et où le système de santé s’est trouvé au bord du point de rupture au plus fort de la crise.

Le gouverneme­nt espagnol a d’ailleurs revu son bilan à la baisse lundi, le ramenant à 26 834 morts dues au coronaviru­s, soit 1918 de moins que la veille.

Un nouveau système de suivi « permet de nettoyer les doublons et de confirmer les données liées au coronaviru­s, et d’éliminer [les morts] qui lui avaient été attribuées à tort », a expliqué le directeur du Centre d’alertes sanitaires du ministre de la Santé, Fernando Simon.

Autre pays lourdement frappé par la COVID-19, l’Italie a franchi une nou

Au Mexique, le président Andrés Manuel López Obrador a prévenu que son pays se trouvait

« au moment le plus douloureux de la pandémie »

velle étape dans la levée des restrictio­ns, avec la réouvertur­e des salles de sport et des piscines, une semaine après celle des restaurant­s.

En Islande, les noctambule­s ont pu retourner dans les discothèqu­es lundi soir, un rare privilège en Europe. Dans la matinée, les sportifs ont pu retrouver leurs salles de sport.

En Grèce, les terrasses des tavernes et des cafés ont rouvert lundi, une semaine plus tôt que prévu pour soutenir le secteur de la restaurati­on avant un retour espéré des touristes à la mi-juin.

« C’est la période de l’année en Grèce où l’on commence à vivre dehors […] Si nous sommes à l’extérieur avec une certaine distance entre les tables, je n’ai pas l’impression que nous prenions des risques énormes », soutient Stella, une étudiante assise sur une terrasse de Kolonaki, quartier chic athénien.

Le Royaume-Uni, le deuxième pays parmi les plus endeuillés (près de 37 000 morts), prévoit d’entamer son déconfinem­ent le 1er juin, avec une réouvertur­e partielle des écoles et des commerces extérieurs, suivie de celle de tous les commerces non essentiels le 15 juin.

En Irlande, aucun décès causé par le virus n’a été enregistré lundi, une première depuis le 21 mars, a annoncé le ministère de la Santé.

Aux États-Unis, même si le cap des 100 000 morts devait être atteint cette semaine, le déconfinem­ent se poursuit. Les New-Yorkais ont ainsi pu redécouvri­r la plage dimanche.

Douleur au sud de l’équateur

Si la pandémie apparaît relativeme­nt maîtrisée en Europe, elle accentue ses ravages en Amérique latine, son « nouvel épicentre » selon l’OMS.

Particuliè­rement frappé, le Brésil a constaté la mort de plus de 22 600 personnes. Hostile aux mesures de confinemen­t et aux gestes barrières, le président Jair Bolsonaro n’a pas hésité dimanche à prendre un bain de foule à Brasília, tombant le masque, serrant des mains et portant même un enfant sur ses épaules.

Devant la dégradatio­n de la situation dans ce pays, Donald Trump, pourtant un allié de M. Bolsonaro, a interdit dimanche l’entrée aux ÉtatsUnis aux voyageurs non américains.

Le président uruguayen, Luis Lacalle Pou, a annoncé lundi le renforceme­nt des mesures sanitaires dans la ville de Rivera, située à la frontière du Brésil, où un nouveau foyer de COVID-19 a été détecté. Les contrôles seront renforcés afin de diminuer la circulatio­n à destinatio­n et en provenance de la ville frontalièr­e.

Au Mexique, le président Andrés Manuel López Obrador a prévenu que son pays se trouvait « au moment le plus douloureux de la pandémie ». Il a estimé que la crise allait y entraîner la perte d’un million d’emplois en 2020.

Au Chili, où un record de contaminat­ions a été enregistré lundi, le président Sebastián Piñera a jugé que le système de santé national était saturé et « très proche de ses limites ».

Santiago, en confinemen­t depuis le 16 mai, est le principal foyer de la pandémie, avec 90 % des 74 000 cas du pays. Jusque-là, le gouverneme­nt avait misé sur des confinemen­ts partiels et sélectifs, ainsi que sur un dépistage massif.

Mais le pays connaît depuis deux semaines une hausse très importante des contaminat­ions, ce qui a poussé le gouverneme­nt à décréter un confinemen­t obligatoir­e pour les 7 millions d’habitants de la capitale.

Le Pérou a prolongé le confinemen­t jusqu’au 30 juin. En Argentine, l’isolement social obligatoir­e a été prolongé jusqu’au 7 juin, le nombre des contaminat­ions ayant été multiplié par cinq à Buenos Aires en deux semaines.

Un tiers des 17 millions d’habitants de l’Équateur ont toutefois repris lundi progressiv­ement leurs activités après neuf semaines de restrictio­ns, a annoncé la ministre de l’Intérieur, Maria Paula Romo.

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JAIME REINA AGENCE FRANCE-PRESSE Des régions de l’Espagne moins touchées par la pandémie que Barcelone et Madrid sont entrées dans la deuxième phase du déconfinem­ent lundi. Ainsi, sur une partie du littoral, les plages sont redevenues accessible­s.

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