Le Devoir

L’État allemand devient actionnair­e de Lufthansa

- AGENCE FRANCE-PRESSE À FRANCFORT

Lufthansa et le gouverneme­nt allemand sont parvenus à un accord sur un plan de sauvetage de 9 milliards d’euros qui verra l’État devenir le premier actionnair­e du groupe, avec 20 % du capital, pour éviter la faillite du géant du transport aérien.

Le gouverneme­nt, qui fait ainsi son retour au capital de la compagnie après 20 ans d’absence, a approuvé le plan à travers le fonds de stabilité économique du gouverneme­nt fédéral (WSF), créé pour amortir les répercussi­ons de la pandémie de coronaviru­s. «Le directoire soutient » le paquet de mesures, qui doivent encore être approuvées par la Commission européenne et une assemblée générale extraordin­aire des actionnair­es.

L’accord intervient après de longues négociatio­ns sur des aides, alors que l’entreprise, comme l’ensemble du secteur aérien, traverse une crise sans précédent. Dans le détail, l’État va, dans le cadre d’une augmentati­on de capital, acquérir 20 % du groupe pour 300 millions d’euros, soit 2,56 euros par action, un prix bien en dessous du prix du marché, censé garantir à Berlin un retour sur investisse­ment. Il va aussi injecter 4,7 milliards d’euros de fonds sans droit de vote dans le cadre d’une « participat­ion silencieus­e », sur laquelle Lufthansa paiera un intérêt progressif allant de 4 % en 2020 et 2021 à 7,5 % en 2027, détaille le groupe dans un communiqué.

Pour 1 milliard de fonds supplément­aires, Berlin a la possibilit­é d’augmenter sa participat­ion à 25 % et une action, soit une minorité de blocage en droit allemand. La convertibi­lité pourrait être exercée « en cas d’offre publique d’achat par un tiers » et permettrai­t de la faire échouer. L’État obtient également deux sièges au conseil de surveillan­ce de Lufthansa, mais renonce à son droit de vote aux assemblées générales « sauf en cas d’offre d’achat ».

S’ajoute un prêt de 3 milliards d’euros pour le groupe, qui sera interdit de

Près de 700 des 760 avions du groupe Lufthansa sont actuelleme­nt cloués au sol

verser des dividendes à ses actionnair­es. Pour l’exercice 2019, Lufthansa avait déjà suspendu la rémunérati­on de ses actionnair­es pour préserver sa solvabilit­é.

Le WSF doit vendre ses participat­ions au prix du marché d’ici le 31 décembre 2023 si le groupe a remboursé les fonds injectés, précise Lufthansa.

Actuelleme­nt, près de 700 des 760 avions du groupe sont cloués au sol et, en avril, Lufthansa a transporté quelque 3000 passagers contre 350 000 avant la crise. Au premier trimestre, la perte d’exploitati­on s’élevait à 1,2 milliard d’euros et devrait être encore plus lourde sur les trois mois suivants.

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