Le journal L’Indépendance désormais en ligne
La très rare collection complète du journal L’Indépendance, l’« organe officiel du Rassemblement pour l’indépendance nationale », une des principales sources pour comprendre l’effervescence politique de cette option politique qui émerge comme une force politique dans les années 1960, est désormais accessible en ligne, en haute résolution, entièrement en couleur. Ce sont 99 numéros, qui s’échelonnent entre 1962 et 1968, qu’on trouve désormais en ligne sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ).
Ce journal innovait non seulement par les idées avancées, mais aussi par sa facture particulière, qui témoigne des goûts d’un lectorat jeune, très inspiré par les avancées graphiques de la contestation internationale. Les unes de L’Indépendance affichent de larges titres percutants. La photographie est soignée, parce que le réputé Antoine Desilets, bien qu’attaché au quotidien La Presse, y joue le rôle de photographe officiel. Le dessinateur Pierre Dupras y propose pour sa part des bandes dessinées. Et André Lemieux signe des caricatures.
Le journal adopte une charte de couleurs dominée, de 1962 à 1966, par le blanc-rouge-noir, puis de 1966 à 1968 par le noir et blanc que transpercent à tout moment des effluves de vert fluorescent, couleur caractéristique de la première grande campagne électorale de ces indépendantistes en 1966.
Figures historiques
Le bibliothécaire et chercheur Nino Gabrielli a aiguillé ce projet vers sa réalisation finale, au nom de la Société du patrimoine politique du Québec (SOPPOQ), en collaboration avec BAnQ, dans la volonté de mettre « en valeur du patrimoine documentaire québécois ».
Nino Gabrielli signale qu’on trouve dans ce journal nombre de textes substantiels. On y lit par exemple, en 1962, un texte sur l’importance de voir l’État « assurer aux vieillards un mode de vie compatible avec les exigences de la dignité humaine et conforme au niveau de vie général de la population ». Parmi les auteurs du journal, on trouve plusieurs figures désormais historiques, dont André d’Allemagne, Pierre Bourgault, Marcel Chaput, de même que le comédien Guy Sanche, connu pour son incarnation de Bobino. On trouve aussi des textes des écrivains Claude Jasmin et Hubert Aquin. Ce dernier publie, quelques mois avant son arrestation qui le conduit à rédiger le célèbre roman Prochain épisode, que « c’est pour écraser les traîtres que je refuse la démission ». On y trouve aussi des textes de la militante Lysiane Gagnon, qui deviendra une chroniqueuse réputée à La Presse. Elle signe alors des textes sous le nom de Lysiane d’Allemagne.