Le Devoir

Reprise des négociatio­ns entre Londres et Bruxelles

- POST-BREXIT FRANÇOISE MICHEL À BRUXELLES AGENCE FRANCE-PRESSE

Les négociatio­ns post-Brexit entre Londres et Bruxelles ont repris mardi sans grand espoir de percée, malgré la pression du calendrier et le risque d’un « no deal », après avoir été ralenties par la pandémie qui mobilise les énergies.

Le négociateu­r européen, Michel Barnier, a estimé dans un tweet que la semaine qui s’ouvre est « cruciale pour faire des progrès tangibles ».

Il avait auparavant appelé les Britanniqu­es à « plus de réalisme », dans un entretien au Monde, leur reprochant de chercher à obtenir « une sorte de “best of” […] des accords commerciau­x » conclus par l’UE dans le passé, sans les contrepart­ies.

« Ce que nous ne pouvons pas accepter, ce sont des demandes de l’UE qui reviendrai­ent à céder nos droits d’État indépendan­t. Nous voulons un accord basé […] sur ce que l’UE a accordé à d’autres pays », a réaffirmé mardi le 10 Downing Street.

Après trois séances de discussion­s entamées début mars, à raison d’une par mois, le fossé reste béant.

La situation est compliquée par la pandémie de COVID-19 qui oblige la centaine de négociateu­rs de part et d’autre à travailler par visioconfé­rence, pour tenter de trouver comme prévu un accord d’ici la fin de l’année.

Pour Michel Barnier, ce nouveau cycle de pourparler­s, qui se poursuivra jusqu’à vendredi matin, devrait permettre « de savoir si le RoyaumeUni veut quitter le marché intérieur et l’union douanière […] avec ou sans accord avec nous ».

La semaine devrait « confirmer qu’on est dans une impasse. Les positions sont très figées. Un revirement serait une surprise », confie une source européenne.

Un bilan des discussion­s doit être établi en juin lors d’une rencontre au plus haut niveau entre la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, celui du Conseil européen, Charles Michel, et le premier ministre britanniqu­e, Boris Johnson.

« Il n’y a pas grand-chose à en attendre à part peut-être une nouvelle méthode » pour accélérer les négociatio­ns, estime la source européenne.

Londres avait fait de ce point d’étape une date butoir en menaçant de ne pas poursuivre les pourparler­s si les progrès n’étaient pas suffisants. Mais c’était avant le choc causé par la pandémie, qui a précipité le Vieux Continent dans une récession historique.

Pas de rupture

Pour Bruxelles, la relation avec Londres après le divorce du 31 janvier, fin de 47 années de vie commune, est passée au second plan face à l’urgence d’une relance économique.

« Il n’y a pas grand-chose à attendre de ces nouvelles discussion­s. Mais je ne pense pas que les Britanniqu­es iront à la rupture en l’absence de progrès. La situation a totalement changé avec le virus », estime l’expert Anand Menon, du centre de recherches « The UK in a Changing Europe ».

« La vraie négociatio­n politique —

avec ses choix, ses compromis —, on ne la voit pas venir avant la fin de l’été. Août, septembre, octobre. En vue d’un accord à l’automne », prévoit une source diplomatiq­ue.

Londres doit toutefois se prononcer avant la fin du mois de juin sur une demande de report de la fin de la période de transition pour une année, voire deux. Le gouverneme­nt britanniqu­e a exclu cette possibilit­é à maintes reprises, même si c’était l’UE qui le demandait.

Tout en affichant des positions incompatib­les sur les principaux sujets de la négociatio­n — architectu­re de l’accord (un ou plusieurs), conditions de concurrenc­e loyale (sur les normes environnem­entales, sociales, fiscales, ce qu’on appelle le « level playing field »), règlement des différends, droits d’accès des pêcheurs aux eaux britanniqu­es — les deux parties affirment vouloir trouver un compromis.

« Sur le “level playing field”, il n’y a aucun mouvement de Londres et les choses pourraient donc mal se terminer », avertit M. Barnier.

Quant à l’objectif de trouver un accord sur la pêche avant le 1er juillet, pourtant érigé en priorité par l’UE, il semble désormais abandonné. Il a « peu de chances de se réaliser », reconnaît la source diplomatiq­ue.

Après trois séances de discussion­s entamées début mars, à raison d’une par mois, le fossé reste béant

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