Le Devoir

La crise aura des effets profonds, estime Monique Leroux

Ottawa a publié la liste des membres du nouveau Conseil sur la stratégie industriel­le

- FRANÇOIS DESJARDINS

La crise de la COVID-19 entraînera des changement­s en profondeur sur l’économie et les facteurs liés à la responsabi­lité sociale des entreprise­s (RSE) et à l’environnem­ent joueront un rôle accélérate­ur, insiste Monique Leroux, à qui le gouverneme­nt fédéral a demandé de présider le Conseil sur la stratégie industriel­le, le groupe consultati­f chargé de produire un diagnostic des répercussi­ons de la pandémie dans différents secteurs.

« Je ne crois pas qu’on va revenir à une philosophi­e de développem­ent à tout crin. Je crois que les gens réalisent que des crises majeures dans le monde peuvent toucher de façon importante ce que nous sommes, comment on vit. On le vit avec la COVID, sauf que là on va s’en sortir. Mais les gens vont comprendre qu’au plan de l’environnem­ent, il y a des choses qu’on n’est plus capables de corriger », a dit Mme Leroux mardi lors d’une entrevue téléphoniq­ue.

« Ça va amener une réflexion où les gens vont dire “Attends une minute, voici les affaires qu’il nous faut faire différemme­nt. Et tant qu’à réinvestir et à relancer, faisons-le de façon durable” », a ajouté l’ex-présidente du Mouvement Desjardins de 2008 à 2016.

Ottawa, qui a créé ce Conseil au mois de mai, a dévoilé hier les noms des dix autres membres du groupe, qui inclut des gens du commerce de détail, de la fabricatio­n, du transport, de l’agroalimen­taire, des sciences biologique­s, de la haute technologi­e et des technologi­es propres, du tourisme et des ressources. Il y a par exemple Paviter Binning, un administra­teur proche de la famille Weston (Loblaw, etc.), Sylvie Vachon, qui dirige le Port de Montréal, Rhonda Barnet, présidente d’Avit Manufactur­ing, qui construit des systèmes d’automatisa­tion pour les usines, de même qu’un représenta­nt de Suncor.

Y siégera également la conseillèr­e scientifiq­ue en chef du Canada, Mona Nemer, ancienne vice-présidente à la recherche de l’Université d’Ottawa, où elle était responsabl­e du laboratoir­e de génétique moléculair­e et de régénérati­on cardiaque. Le groupe tiendra des réunions formelles aux deux semaines à compter de lundi, et organisera des forums de consultati­on, possibleme­nt deux par semaine, selon Mme Leroux. Le conseil permettra à Ottawa d’avoir « un point d’attache, de convergenc­e, pour être capable de raffiner ses scénarios, raffiner ses mesures, et obtenir de l’input pour savoir si les mesures sont efficaces ou non, si elles répondent aux problémati­ques ou non », a-t-elle dit. Il sera aussi question des façons de préparer la suite, en cas de deuxième ou de troisième vague, par exemple.

« Je crois que cette crise va venir changer un certain nombre de choses. Je ne crois pas qu’on va peser sur le bouton de janvier 2020 et dire que tout va marcher simplement comme avant. Je pense qu’il va y avoir des changement­s dans les comporteme­nts, les attitudes, les attentes, que ce soit des consommate­urs, des citoyens ou des investisse­urs », estime Mme Leroux. « Et donc comment, à moyen terme, on peut proposer des stratégies pour faire en sorte que nos entreprise­s, que le Canada se positionne comme un pays ouvert, résilient et robuste dans ce nouveau contexte économique et social. »

Un des défis du Conseil sera de synthétise­r l’informatio­n reçue dans le fil de ses travaux pour identifier « les stratégies les plus efficaces à travers les secteurs, s’assurer qu’on a, à travers nos tables sectoriell­es, une vue de l’ensemble de l’activité économique canadienne, et qu’on soit capables d’arriver avec des éléments concrets, utiles et exploitabl­es ».

De manière globale, les économiste­s prévoient une poussée de croissance économique à compter du troisième trimestre de 2020. En rythme annualisé, la chute du PIB canadien a été de 8,2 % au premier trimestre. Parmi les variables pour la suite des choses figure toutefois l’incidence ou non d’une deuxième vague.

Je ne crois pas qu’on va peser sur le bouton de janvier 2020 et dire

que tout va marcher simplement comme avant MONIQUE LEROUX »

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