Le Devoir

Sonia LeBel veut encadrer l’utilisatio­n des données personnell­es

- MARCO BÉLAIR-CIRINO CORRESPOND­ANT PARLEMENTA­IRE À QUÉBEC

La ministre de la Justice, Sonia LeBel, s’attelle à dépoussiér­er la législatio­n en matière de protection des renseignem­ents personnels.

À la lumière des nouvelles technologi­es, les lois québécoise­s « manquent de mordant », a-t-elle fait valoir vendredi, après avoir déposé le projet de loi 64 à l’Assemblée nationale.

Le document de 60 pages enjoint aux entreprise­s de « détruire » ou à tout le moins d’« anonymiser » un renseignem­ent personnel « lorsque les fins auxquelles [il] a été recueilli ou utilisé sont accomplies », sauf s’il est visé par un délai de conservati­on prévu par une loi.

« On consent à ce que l’entreprise x utilise nos renseignem­ents pour un objet précis. Quand c’est terminé, il n’y a aucune raison que l’entreprise garde ces renseignem­ents personnels », a fait valoir Mme LeBel.

D’autre part, le projet de loi 64 précise le droit d’un individu d’exiger, dans certains cas, la fin de la « diffusion » d’un renseignem­ent personnel qui le concerne « ou que soit désindexé tout hyperlien rattaché à son nom permettant d’accéder à ce renseignem­ent par un moyen technologi­que ».

« C’est ce qu’on appelle le droit au déférencem­ent ! » a lancé la ministre de la Justice. « Donc, c’est de faire en sorte que Google, pour ne pas le nommer, fasse en sorte que si je fais une recherche sur Sonia LeBel, sur un tel sujet, bien, que ça soit très difficile de trouver l’informatio­n. On ne peut pas aller sur Internet et tout effacer. […] Mais dans les objectifs, c’est de rendre cette informatio­n-là le plus difficilem­ent accessible », a-t-elle ajouté.

Par ailleurs, le projet de loi 64 encadre à la fois la « collecte » et l’« utilisatio­n » de renseignem­ents personnels obtenus au moyen d’« une technologi­e comprenant des fonctions d’identifica­tion, de localisati­on ou de profilage de la personne concernée ».

« Parce que vous êtes allé magasiner un barbecue [sur Internet], tout à coup, sur votre Facebook ou sur votre Instagram, on vous offre des barbecues à répétition. Maintenant, avec le projet de loi, bien, je vais avoir le droit de désactiver cette fonction-là », a-telle annoncé.

En cas d’incident

Le projet de loi 64 introduit des règles concernant le traitement, par les organisati­ons publiques et privées, des bris de confidenti­alité en raison de l’« accès », l’« utilisatio­n », la « communicat­ion » d’un renseignem­ent personnel non autorisée ou encore la « perte » ou « toute autre atteinte à la protection » d’un renseignem­ent personnel.

« Si l’incident présente un risque qu’un préjudice sérieux soit causé, elle [l’organisati­on] doit, avec diligence, aviser la Commission d’accès à l’informatio­n [ainsi que] toute personne dont un renseignem­ent personnel est concerné par l’incident » à moins que la divulgatio­n de l’informatio­n

Les amendes imposées aux entreprise­s prises en défaut fluctueron­t entre 15 000 et 25 millions de dollars soit susceptibl­e d’entraver une enquête.

Combien de temps une entreprise peut-elle s’abriter derrière une enquête pour ne pas divulguer, aux individus touchés, une fuite de renseignem­ents personnels ? « La CAI va exercer son pouvoir de surveillan­ce et à un moment donné [va] dire : “Bien, il faut aviser les citoyens” », a répondu la ministre Sonia LeBel.

Des amendes de millions de dollars

Les amendes imposées aux entreprise­s prises en défaut fluctueron­t entre 15 000 dollars et 25 millions de dollars.

« Au moment où on se parle, les sanctions imposées aux contrevena­nts sont bien loin d’être à la hauteur des conséquenc­es qu’entraîne une fuite de renseignem­ents personnels pour les citoyens. Ceux qui ont vécu un vol d’identité le savent », a conclu Mme LeBel, un an après la fuite de données personnell­es de millions de membres de Desjardins.

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